Sade chez les anthropophages

Un article d’humeur, certes, solide et argumenté. Marie-Paule Farina, en défenderesse avisée, dégage Sade des nouveaux anathèmes contemporains, dont le brouet nauséabond déborde désormais de la marmite.

 » Cherchez les coupables !  » ce cri est éternel, toujours opposé à la démarche de la recherche et de l’archive, plus posée, plus documentée, et pour dire plus humble. Relire les Animaux malades de la peste, de ce bon monsieur de la Fontaine.
Comme on déboulonne les statues à tout va, les censeurs se redressent et la chasse aux sorciers bat son plein.

Sade serait il le théoricien involontaire des excès coloniaux et du racisme mondial ? Le saviez vous ?
Marie-Paule Farina, autrice de nombreux ouvrages, dont Le rire de Sade, essai pour une sadothérapie joyeuse (publié dans notre collection l’année dernière), démonte encore, un fois, citations à l’appui, combien l’esprit doit se défier des simplifications du prêt à penser.

Et la lire, pour ne pas perdre le sens commun et le goût de l’Histoire.

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 » Comment échapper à “l’air du temps” ? Comment échapper à tous ceux tellement au courant de vos goûts qu’ils parviennent après vous avoir pisté à vous débusquer où que vous vous trouviez pour vous amener à mettre votre grain de sel ou de poivre dans le chaudron du jour ?

Pas un instant il ne m’était venu à l’idée que Sade, mon Sade, pouvait être accusé aujourd’hui non seulement de partager tous les préjugés de son époque mais d’avoir ouvert la voie au colonialisme, et pourtant, hier par courriel, à mon adresse, “Academia ”, trouvant enfin l’appât irrésistible pour moi, celui mêlant mes deux dadas, me faisait parvenir le PDF d’un article, de 2005, sur Sade et l’Afrique défendant cette thèse.

“Le texte sadien fait plus que reproduire le texte européen de l’Afrique noire dans la pensée européenne. L’outrance cannibale qui le marque annonce la rhétorique qui justifiera le colonialisme. Ainsi le blanc des cartes des voyageurs sera noirci, occupé par un nouveau texte, le discours colonial, où le contrôle sur l’autre se fait absolu.”[1]

Je lis, l’article est très bien fait et tout à fait fiable. Son autrice, Catherine Gallouët y analyse de manière précise la description par Sade, dans Aline et Valcour, d’un royaume imaginaire qu’il situe au centre de l’Afrique, le royaume de Butua, le royaume des plus féroces des cannibales, malheureusement l’article ne s’intitule pas “le royaume de Butua dans Aline et Valcour”mais “Afrique et Africains dans Aline et Valcour”et pire  “Sade, noir et blanc”. 

Afrique et Africains dans Aline et Valcour. “L’outrance cannibale”

Pour être encore plus précis, l’article aurait dû s’intituler “Le royaume de Butua dans Léonore et Sainville”, un roman à part entière inséré dans Aline et Valcourqui comporte non un mais deux récits de voyages en Afrique,  l’un fait sous la contrainte, celui de la belle Léonore enlevée sur une île proche de Venise, pense-t-on, par des marchands d’esclaves barbaresques et l’autre effectué par Sainville, son tout jeune mari, pour tenter de la retrouver. Léonore arrive en Afrique par l’Est, Sainville par l’Ouest, ils se croisent, au centre, à Butua sans se reconnaître “Ces récits, écrit Catherine Gallouët, décrivent donc deux Afriques, l’Afrique de l’Ouest, c’est à dire l’Afrique noire, et l’Afrique de l’Est, autrement dit l’Afrique blanche.”[2]

L’Afrique étant, pour Catherine Gallouët, noire, elle abandonne complétement Léonore et son voyage après avoir dit cela, ignorant ainsi l’un des plus surprenants  personnages sadiens, celui qu’il nomme “le philosophe nègre”. Rien de plus différent pourtant du regard de Sainville sur l’Afrique que celui de Léonore. 

 Déjà s’élaborait dans mon esprit la réponse assez vive à cet article quand, ce matin, je découvrais dans ma boite mail un deuxième article de Catherine Gallouët, celui-ci de 2011, intitulé “La Nigritie, ou géographies de l’Afrique dans la fiction narrative au XVIIIe siècle. Le cas d’Aline et Valcour de Sade” et là, ô merveille, faisant (sans l’avouer) sa palinodie, Catherine Gallouët développait une analyse complète et très précise du voyage de Léonore, une Léonore regardant vraiment l’Afrique, y voyant ce que Sainville était absolument incapable de voir, en décrivant les paysages comme, dit-elle, pourrait le faire une ethnologue aujourd’hui et y effectuant des rencontres totalement improbables comme celle de ce “philosophe nègre”. 

Me restait-il encore quelque chose à écrire et à contester après cette si salutaire mise au point ? 

Oui, beaucoup de choses et en premier lieu le fait que, après avoir dans le précédent article reproché à Sade de ne jamais donner la parole à des Africains, ce second article s’il parlait de la rencontre avec ce “philosophe nègre”, non seulement ne s’étonnait pas de voir Sade associer la philosophie à un “nègre” mais ne disait rien, absolument rien, du contenu de sa longue intervention. En deuxième et non en dernier lieu, après avoir lié l’ignorance et les préjugés de Sainville et de ses auditeurs au colonialisme, pourquoi lier Léonore et son savoir sur l’Afrique, une femme philosophe et voyageuse téméraire, aussi improbable au XVIIIe qu’un nègre philosophe, à ce même colonialisme? Comme si, de ce colonialisme à venir, un romancier et philosophe du XVIIIe ainsi que ses personnages de fiction devaient absolument être tenus pour responsables.

“Léonore nous offre ainsi une autre vision de l’Afrique, pays souvent magnifique et rempli de merveilles naturelles que l’Européen peut observer, comprendre. Cependant, connaître, c’est déjà posséder. Ce savoir sur l’Afrique, basé sur une méthode rationnelle de connaissance, est aussi celui qui informe la conquète coloniale du XIXe siècle.”[3]

Ne m’étais-je pas promis de ne critiquer aucune des lectures de Sade et de me contenter de tenter de développer mon point de vue dans les lieux qui me permettaient de le faire ? Pourquoi aujourd’hui transgresser cette règle et entrer dans une polémique où il y avait tant de coups à prendre ? Comme il y a des “sociétés chaudes” et “des sociétés froides” ou plus froides que d’autres, il y a des polémiques plus ou moins chaudes et quelle polémique est plus chaude aujourd’hui que celle de l’Afrique dans son rapport à l’Europe et au colonialisme?

Puis-je me permettre, avant d’aller plus loin, de citer Zamé, cet autre grand personnage rencontré par Sainville durant son voyage, le roi d’une île, Tamoé, dont le peuple ne connaît ni la théologie, ni le droit, dont la place publique n’a jamais vu couler le sang et qui sert d’exact contrepoint à Butua, le royaume des cannibales où sur la place publique se débite et se vend de la chair humaine ? Ce personnage n’est pas plus Africain que Sarmiento qui tentait de convaincre Sainville de la relativité des pratiques alimentaires humaines et du fait qu’il était “aussi simple de se nourrir d’un homme que d’un boeuf” mais le discours qu’il tient, loin d’être une justification de la domination blanche ou un habituel discours relativiste, est une critique féroce et sans ambiguité du rapport que l’Européen établit avec le reste du monde pour le plus grand malheur de tous.

“Je n’ai qu’un ennemi à craindre, affirme Zamé en marchant avec Sainville sous les peupliers, c’est l’Européen inconstant, vagabond, renonçant à ses jouissances pour aller troubler celles des autres, supposant ailleurs des richesses plus précieuses que les siennes, désirant sans cesse un gouvernement meilleur parce qu’on ne sait pas lui rendre le sien doux : turbulent, féroce, inquiet, né pour le malheur du reste de la terre, catéchisant l’Asiatique, enchaînant l’Africain, exterminant le citoyen du Nouveau Monde, et cherchant encore dans le milieu des mers de malheureuses îles à subjuguer.”

Qui dit mieux ?

Tamoé et Butua, le pays où l’on aime et le pays où l’on tue, illustrent deux types de rapports que des groupes humains peuvent instaurer avec la nature et avec leurs semblables, mais en 1795, quand il publie enfin, après six ans de Révolution, son roman philosophique, Sade précise que des deux fictions, seule Butua, la sanglante, est “peinte d’après nature par un voyageur qui ne décrit que ce qu’il a vu.”

Est-on sûr dans ce contexte que la Butua dont parle Sade avec ses bouchers de chair humaine se situe bien en Afrique ?

Qui mange qui ?

Le petit groupe de personnes qui écoute les récits de Sainville et Léonore rit de la remarque naïve qui échappe à Mme de Blamont, leur hôtesse, au moment où Sainville raconte qu’il a examiné Léonore (c’était son travail) sans voir son visage, sans reconnaitre son corps, avant de la livrer à l’appêtit du lubrique et carnassier roi de Butua, Ben Mâacoro : 

“Quoi, madame, c’était vous ?… Et vous n’avez pas été… et vous ne fûtes pas mangée.”[4]

La question, “vous n’avez pas été violée ?”, l’essentielle, ne sera pas posée et remplacée par celle à laquelle la présence physique de Léonore dans la pièce suffisait à répondre. C’est le déplacement insuffisamment rapide qui fait rire et la censure d’une question que tous se posent mais qu’il serait de très mauvais goût de formuler dans une telle assemblée. Le lecteur ou plutôt la lectrice attendra donc, elle aussi, que Léonore révèle la manière dont elle s’est sortie, seule, sans l’aide de Sainville, de ce mauvais pas comme de tous les autres. 

Avec l’Afrique et les récits de Sainville et Léonore Mme de Blamont et sa fille Aline, deux femmes soumises à leur époux et à leur père, se distraient agréablement, jouent à se faire peur et tentent d’oublier le président de Blamont, le juge, celui qui, ne tenant aucun compte des désirs de sa fille, de son amour pour Valcour et de l’opposition de sa femme à ses projets, veut livrer Aline à Delcour, le financier, son compagnon de débauche . S’il y a dans le récit de Sade un prédateur redoutable et d’une totale insensibilité c’est bien lui, c’est même cette insensibilité aux plaintes des victimes de sa traque qui est sa caractéristique la plus remarquable, celle que décrit parfaitement son complice, plus novice, que ces plaintes dérangent encore au moment où, sous deux pseudonymes, ils partent forcer leur gibier humain :

“- Oh! mais vous gens de robe, dit M.de Mirville, les plaintes vous excitent, vous ressemblez aux chiens de chasse, vous ne faîtes jamais si bien la curée que quand vous avez forcé la bête… Aussi n’est ce pas pour rien qu’on vous accuse d’avaler le gibier tout cru pour avoir le plaisir de le sentir palpiter sous vos dents.

– Il est vrai, dit Delcour, que les financiers sont soupçonnés d’un coeur plus sensible.

– Par ma foi, dit Mirville, nous ne faisons mourir personne ; si nous savons plumer la poule, au moins ne l’égorgeons-nous pas.”[5]

Métaphore, bien sûr, mais aucune métaphore n’est innocente et celle-là a une une histoire déjà longue au moment où Sade l’utilise.

 Dans tous les groupes humains existe une cuisson ou l’équivalent d’une cuisson des aliments consommés et des manières de table qui sont le propre de l’homme et le distinguent de l’animal carnassier qui “avale” “déchiquette” sa nourriture avant de l’avaler toute crue. Exclure de l’humanité les groupes ayant des pratiques alimentaires ou sexuelles différentes des siennes n’est pas une spécificité européenne mais les Européens l’ont pas mal pratiquée.

Voulant exprimer son dégoût pour l’anthropophagie rencontrée chez certaines tribus des Caraïbes, les Cariba, Christophe Colomb, toujours persuadé d’être arrivé en Chine et d’y avoir découvert les hommes à tête de chien décrits par Marco Polo, les exclut de l’humanité et les nomme “cannibales” du latin canis, chien.

Mais s’il y a des chiens et des cannibales bien de chez nous, il y a aussi des lieux qui leur servent de réserve de nourriture et c’est dans ces lieux que Sade se trouve et il en est parfaitement conscient aussi ne sera-t-il jamais du côté des prédateurs même au moment où dans ses romans il semble les servir et faire leur apologie, apologie toute d’ironie, faite non pour servir mais pour desservir, car au XVIIIe on croit, à tort comme l’Histoire le montrera, qu’“aux louanges outrées, personne ne croit.”

 Sade termine une de ses lettres à son amie Milli Rousset en précisant le lieu où il se trouve : “le poulailler de Vincennes”, une autre est écrite de “la ménagerie de Vincennes”. Difficile donc de se méprendre, si Sade au moment où il écrit Aline et Valcour ne sait pas à quelle sauce il va être mangé, ce dont il est sûr c’est que sa belle-mère non contente de traiter ses biens “comme choux de son jardin”, non contente de l’avoir fait traquer comme un gibier par des exempts de police à sa solde, a aussi “vendu sa vie” et l’a livré à des “anthropophages”. Le terme “anthropophages” est celui que Sade emploie le plus souvent dans ses lettres à sa femme pour désigner ses geoliers.

Le 2 décembre 1779 : “ Ne faut-il pas que le sang coule toujours dans la gueule de l’anthropophage qui s’en nourrit ? Que deviendrait-il s’il s’étanchait ? Oui, madame, je souffre et, qui pis est, toujours de plus en plus.”

Le 20-25 avril 1781 : “ Et vous savez que quand les esclaves de la présidente vinrent me rechercher pour lui servir le second ou le quatrième service de son petit festin anthropophage,j’allais partir pour Saumane…”

Enfin sa femme est autorisée à lui rendre visite mais en présence de de Rougemont, le commandant de la place de Vincennes ce que Sade ne supporte pas, il écrit le 15 juillet 1781: “ qu’on me débarrasse de l’ennui et du chagrin d’avoir là pour perspective ce vilain anthropophage que je déteste. Tâche de m’obtenir cela… Que mon antipathie pour ce vilain homme-là ne t’étonne pas : la brebis n’aime pas le loup. Et sais-tu pourquoi ? C’est que le loup mange la brebis.”

Et qu’est donc d’ailleurs son livre de Bastille “Les Cent Vingt Journées de Sodome” si ce n’est le récit d’un grand festin dont Sade élabore le livre de recettes. Quatre hommes de pouvoir, quatre anthrophages blancs sont là : un duc, un évêque, un financier et un juge qui, pour survivre, vont se nourrir de la morve, de la sueur, des larmes, du sang, du sperme, de la pisse, de la merde, de toutes les sécrétions produites par le pressurage des corps de leurs victimes dans le lieu clos et inaccessible du château de Silling. Sade nous fait pénétrer dans les cuisines du pouvoir et nous offre le “récit le plus impur qui ait jamais été fait” et ce récit est “l’histoire d’un magnifique repas où six cents plats divers s’offrent” à “l’appétit” du lecteur. Livre de recettes pour ogres imaginées par une de leurs victimes, livre qui, à aucun moment ne nous fait saliver, livre ravageur écrit par un homme qui vient de passer des années seul, enfermé entre quatre murs sans pouvoir ni prendre l’air ni jouir du soleil comme n’importe quel animal, condamné à cela “pour son bien” par “des hommes noirs”, lieutenant de police et juges et qui clame ainsi que cette cure, loin de le rendre meilleur, l’a rendu pire.

“Du poulailler de Vincennes, au bout de cinquante neuf mois et demi de pressurage, et sans succès en vérité” Sade, le 26 janvier 1782, envoyait ses étrennes philosophiques à son amie Milli Rousset et dans ses étrennes la comparaison entre les moeurs congolaises et les très civilisées moeurs parisiennes se faisait encore plus explicite.

“… O homme, est-ce à toi qu’il appartient de prononcer sur ce qui est bien ou sur ce qui est mal ?… Toi qui décides si une chose est crime ou si elle ne l’est pas, toi qui fait pendre à Paris pour ce qui vaut des couronnes à Congo… Laisse-la tes folles subtilités ! Jouis, mon ami, jouis et ne juge pas… C’est pour rendre heureux tes semblables… que la nature te place au milieu d’eux et non pour les juger et les punir et surtout pour les enfermer.”[6]

Pauvre Sade que la réponse de Milli a dû tant décevoir, Milli qui n’oublie pas que toutes les lettres envoyées et reçues par Sade sont lues, digérées, caviardées par ses geôliers et le lui rappelle séchement : “Votre philosophie, Monsieur, serait délicieuse dans le pays où je suis, mais elle est très mal vue dans le lieu où vous êtes… Nous sommes nés français, nous sommes chez les Français ; les lois, les usages sont tels que nous les connaissons et non quelquefois comme nous les désirons. Les couronnes à Congo sont accordées à l’idée, à l’opinion du beau, du glorieux, du juste ; la corde à Paris, à tout infracteur de nos lois qui a la sottise de se croire habitant du Congo.”[7]

De la même manière, quand enfin, en 1789, sa femme, devenue bigote, se décide à parler littérature et non listes de courses et intendance avec lui, elle lui fait beaucoup de compliments sur Aline et Valcour dont elle vient de lire le manuscrit mais elle est non seulement choquée par la justification de l’anthropophagie par Sarmiento mais aussi par l’intervention de Zamé et, avec bien peu de délicatesse, elle écrit à son mari toujours à la Bastille et enfermé depuis douze ans :

“ Je suis curieuse de voir comme Zamé diminuera les crimes, et je doute, que s’il soutient son caractère de bonté, il fasse que le crime n’offense pas la loi. C’est traiter bien légèrement le divorce, l’inceste et la pédérastie, que de n’y voir que de l’inconvénient. Ce n’est point les bourreaux et les prisons qui perpétuent les vices, ce sont les goûts et les penchants qui les y entraînent.”[8]

Sade, Levi-Strauss, Minski et quelques ogres de ci, de là

En 1955 quand Levi-Strauss publie “Tristes tropiques”, à part quelques extraits, toute l’oeuvre de Sade est encore enterrée dans l’Enfer des bibliothèques comme Sade l’avait été pendant 28 ans à Vincennes, à la Bastille et à Charenton. Peut-être est-ce pour cette raison, ou parce que Sade est un observateur “de l’intérieur” et non “de l’extérieur”, que, rendant, à la fin de son livre, hommage à Rousseau, le “maître”, le “frère” de tous les ethnologues, Levi-Strauss ne cite pas une fois Sade, l’autre grand amoureux de Rousseau, qui pourtant non seulement illustre son analyse mais la préfigure point par point… avec la souffrance, l’humour et le burlesque en plus.

“ Nous devons nous persuader, écrit Levi-Strauss, que certains usages qui nous sont propres, considérés par un observateur relevant d’une société différente, lui apparaîtraient de même nature que cette anthropophagie qui nous semble étrangère à la notion de civilisation. Je pense à nos coutumes judiciaires et pénitentiaires.”[9]

Et sur cette base, Levi-Strauss différencie deux types de sociétés, d’une part, celles qui pratiquent l’anthropophagie et qui considèrent que manger des individus porteurs de forces que l’on considère comme négatives, est le seul moyen d’annihiler leur dangerosité et même de la rendre positive en l’intégrant et l’absorbant et d’autre part, les sociétés pour lesquelles Levi-Strauss fabrique un néologisme -l’anthropémie- (du grec emein vomir) qui, pour résoudre le même problème choisissent à l’inverse, d’isoler, d’exclure en les enfermant les êtres qu’elles considèrent comme redoutables. Cette pratique inspirerait, ajoute Levi-Strauss, une horreur profonde “à la plupart des sociètés que nous appelons primitives… et nous marquerait à leurs yeux de la même barbarie que nous serions tentés de leur imputer en raison de leurs coutumes symétriques.”

Que préférer ? Cette question ferait sourire et Sade et Levi-Strauss par sa naïveté car on ne peut être homme que dans une société donnée que nous ne choisissons pas au départ mais qui est la seule que nous pouvons transformer et rendre plus vivable sans la détruire. Pourtant, ni Sade, ni Levi-Strauss n’éludent le problème et tous les deux décrivent, de part et d’autre, dans l’espace et le temps, des sociétés qui sont dans l’honnête moyenne et d’autres comme la nôtre, bien sûr, qui a détruit la quasi totalité des habitants du Nouveau Monde ou celle des Aztèques “plaie ouverte au flanc de l’américanisme” qui comporte, elle aussi, des ogres assez exceptionnels et qui ont été iniques, dit Levi-Strauss, à notre manière c’est à dire  “de façon démesurée”, “excessive”. 

Dans Aline et Valcour, dans les contes et fabliaux, les méchants sont effectivement des hommes noirs mais noire est leur robe et non leur couleur de peau. Noir est l’habit du bien nommé Dom Crispe Brutaldi de Barbaribos de Torturentia, le triste et barbare  Inquisiteur espagnol d’ Aline et Valcourqui, de sa longue aiguille, fouille les chairs, des femmes de préférence, à la recherche de la marque du diable, noire la robe de juge du président de Blamont, noires les robes des “présidents du Parlement qui vous coupent une nuque comme une corneille abat des noix. ”[10],, “homme noir” était Sartine, le lieutenant de police du roi, comme son successeur le bien nommé Le Noir, “homme noir” est encore et toujours sous l’Empire, Royer-Collard, le nouveau médecin de Charenton ayant l’oreille de son frère et de Fouché et qui dénoncera sans cesse la présence de Sade à Charenton, les spectacles de théâtre organisés par lui et parviendra à les faire interdire, noir et terrifiant  sera donc aussi le roman qu’écrira Sade… et burlesque. Il sait, comme il le dit dans Les 120 journées en faisant le portrait du duc de Blangis, comme il le fait dire dans ses contes à rire aux parlementaires provençaux, que les hommes de pouvoir despotiques de tous les temps aiment qu’on se souvienne d’eux comme des ogres criminels et non comme des ogres peureux et imbéciles “qu’un enfant résolu eût effrayé” et qu’un éclat de rire ferait fuir à l’extrémité de la terre. 

Dois-je dire que, de tous les ogres sadiens, mon préféré officie dans Juliette et résoud, d’une manière qui, pour être burlesque n’en est pas moins intéressante, le dilemme du choix entre les deux solutions que l’humanité a trouvé au problème du “mal” – l’ingérer ou le vomir – au profit de l’ingestion. Jugez-en : Minski, cet ogre fabuleux dont le vit tout aussi fabuleux, « un champignon vermeil et large comme le cul d’un chapeau »[11], menace le ciel en permanence et tue tous ceux et toutes celles qui ont le malheur d’être entrepris par lui, cet ogre qui se nourrit de boudin de sang de pucelle et de pâté aux couilles, qui, au dessert, sert à Juliette des étrons dans des jattes de porcelaine blanche, Minski, cet écologiste avant la lettre, ne laisse aucun déchet derrière lui, contrairement à ses concurrents, et sait défendre et argumenter de manière convaincante son point de vue auprès de Juliette :

“ – Oh ! Juste ciel ! Mais mon cher hôte, vous tuez donc autant de femmes et de garçons que vous en voyez ?

– A peu près, et comme je mange ce que je fouts, cela m’évite la peine d’avoir un boucher.” 

Mais, du même coup, cela ne limite-t-il pas le nombre de personnes qu’on tue ? Aucun ogre anthropophage, même avec un appétit d’ogre, ne pourrait ingérer tous les morts que, depuis un bon moment, nos techniques modernes et propres, de plus en plus modernes et de plus en plus propres, de plus en plus efficaces, nous permettent, sans corps à corps, de laisser avec ou sans sépulture sur nos divers champs de bataille. 

“Mangez, ceci est mon corps ; buvez, ceci est mon sang.”. Quand un “philosophe nègre” critique, en latin, le grand mystère de l’eucharistie.

Rapprocher anthropophagie et eucharistie est un lieu commun de la philosophie au XVIIIe mais dans son Dictionnaire philosophique c’est à un philosophe protestant aux lumières bien européennes que Voltaire laisse le soin en 1767 dans son article TRANSUBSTANTIATION de dire son horreur à l’idée que “tous les jours dans les pays catholiques, des prêtres, des moines… mangent et boivent leur dieu, chient et pissent leur dieu.”. Tenter et réussir le tour de force à la fois de présenter l’Ethiopie comme un pays profondément chrétien suivant le rite copte, c’est à dire un rite autochtone, et un pays n’ayant rien à envier à l’Europe en matière de critique religieuse, qui, à part Sade, l’aurait osé ? Reconnaître que le latin permet des échanges théologiques entre des personnes ne parlant pas la même langue, reconnaître que “tout est symbolique ici comme dans tout ce que proférait Jésus” et que ce qui est criticable dans la transubstantiation c’est “de prendre ses discours à la lettre” fait de ce “philosophe nègre”, quelqu’un de beaucoup plus nuancé qu’un Voltaire, quelqu’un dont la dissertation va “enchanter” Gaspard, le compagnon à ce moment-là de Léonore, et l’amener à s’écrier, “ avec enthousiasme” : “Je n’aurais jamais cru que tant de lumières pussent pénétrer au sein de l’Afrique. On a beau propager l’erreur, on a beau la porter au bout du monde, on a beau la faire circuler, elle trouvera toujours des ennemis ; elle rencontrera toujours des bornes partout où la raison humaine aura la liberté de se faire entendre.” Et Léonore de grossir encore le trait, si c’était nécessaire, “Et j’approuvais dom Gaspard , et le philosophe noir, parce que je pensais bien intimement comme tous les deux.”[12]

Ce qui importe ce n’est ni sa couleur de peau, ni son sexe, ni le lieu où le hasard nous a fait naïtre, le propre de l’homme où qu’il ou elle se trouve c’est bien comme l’affirmait déjà Descartes “le bon sens”, “la capacité de distinguer le vrai du faux”, la Raison, mais, encore faut-il, ajoute Sade  qu’elle ait “la liberté de se faire entendre”. Quelle est la différence entre une Justine toujours victime et une Léonore qui sait échapper à tous les pièges ? non l’intelligence, Justine a de “l’esprit” tous ses bourreaux le reconnaissent, mais elle a aussi une chimère à laquelle elle se refuse à renoncer : sa foi religieuse, c’est elle qui la fait tomber dans tous les pièges que va lui réserver son abominable périple, mais c’est aussi elle qui lui permet d’y survivre, de rester droite, non comme un i, mais “comme un peuplier”, dit Sade, que la bourrasque plie mais ne rompt pas. Léonore, par contre, est philosophe, elle a lu tous les livres qu’une honnête femme de son époque, une Mme de Blamont, une Aline, ne lit pas, ne doit pas lire et seul son amour pour Sainville l’empêche de suivre le destin de Juliette, la libertine.  La préface de La nouvelle Justine précise qu’elles vivent toutes “dans un siècle absolument corrompu”, à ce siècle Juliette s’adapte, Léonore et Justine résistent mais si Léonore réussit où Justine échoue c’est parce que, contrairement à Justine, elle sait que dans ce siècle corrompu ce n’est pas à ceux qui se présentent comme les gardiens de la loi, de la foi et de la vertu qu’il faut demander de l’aide. Si Justine se précipite dans un couvent pour passer la nuit à l’abri, Léonore, bien au contraire, parvenue à un couvent de Capucins, dort sous un chêne à la belle étoile, à l’air libre et à l’abri de son arbre : « Je n’avais aucune envie, dit-elle, d’aller demander asile à ces bons pères; je serais devenue, dans leur retraite, un morceau trop friand pour eux»[13]. Pour éviter d’être dévorée toute crue par les anthropophages du temps Léonore évite les lieux clos et marche à l’air libre sur tous les  chemins fréquentés par les bandits, les bohémiens, les comédiens et au terme de son parcours tire la conclusion qui s’impose : “Ce ne sera donc jamais que dans les états proscrits par la société que je trouverai de la pitié et de la bienfaisance, et ceux qui sont chargés d’y maintenir l’ordre et la paix, ceux qui doivent y faire régner la piété et la religion… ne m’offriront que des horreurs et des crimes ! La civilisation est-elle donc un bonheur ?…”[14]

 Ni Rousseau, ni Sade n’ont la nostalgie d’un mythique état de nature et si la société construite par Zamé ne connait que quelques lois très douces, elle n’est pas “sauvage” mais il n’est nul besoin de se référer à cette île utopique pour savoir ce qu’est le paradis pour Sade. S’il existe, pour lui, c’est en Afrique, dans le continent noir qu’il faut aller le chercher, dans ce paradis, nulle pomme dit-il mais des orangers, des citronniers, des grenadiers, des arbres couverts de fleurs et des roses “à l’odeur bien plus forte et bien plus délicate que les nôtres”, aucune province en Europe n’est plus “artistement cultivée : le cardamomum et le gingembre en donnant à ces plaines un aspect flatteur, parsème l’air d’atomes les plus odoriférants ; agréablement coupées par de vastes rivières bordées de lis, de jonquilles, de tulipes et de violettes, on se croit dans le paradis terrestre”[15]

 Nul besoin d’aller “civiliser” l’Afrique ! Pour Sade enraciné en Provence, dans la province “gothique” par excellence dont les habitants terrifiaient Casanova, l’Italien, par leur “férocité”, la plupart de ces discours sur la “modernité civilisatrice” d’un “siècle des lumières” sont poudres de perlimpinpin jetées aux yeux de naïfs mais lui, Sade, comment pourrait-il encore y croire dans la nuit de son cachot de Vincennes ou de la Bastille ? Dès 1779 il écrivait à Milli Rousset : “On priait un jour l’empereur Tibère de faire juger un infortuné qui gémissait depuis longtemps dans les prisons : « J’en serais bien fâché, répondit le tyran. – Et pourquoi ? – C’est qu’il serait condamné à mort et que je n’aurais plus le plaisir de savoir qu’il souffre. »Ce  Tibère, comme vous le savez, était un monstre. Pourquoi donc nous, qui sommes si doux, si policés, si charmants, nous qui vivons dans un siècle d’or[16], sommes-nous aussi féroces que ce Tibère ?”

Oui, mais me dira-t-on la Révolution est passée par là, les philosophes sont arrivés au pouvoir supprimant l’arbitraire des lettres de cachet et toutes les discriminations considérées jusque là comme naturelles et dès son sous-titre l’éditeur d’Aline et Valcour  ne précise-t-il pas, “écrit à la Bastille un an avant la Révolution de la France”, donnant ainsi un petit goût de vieux et un petit “goût de chaine” à son roman philosophique ?

“Ô vous qui avez la faux à la main…”

Insérer un pamphlet, trouvé non au palais Royal mais au Palais Egalité et intitulé “Français encore un effort si vous voulez être républicains”, dans La philosophie dans le boudoir publié en 1795, la même année qu’Aline et Valcour, c’est revendiquer le fait que ce qui se dit et ce qui se fait dans ce boudoir soit d’un actualité brûlante. De même quand, dans La nouvelle Justine publié en 1797, Sade fait lire à l’évêché de Lyon La philosophie dans le boudoir à l’abbé-secrétaire qui introduit Justine auprès de celui qui sera le pire de ses bourreaux aucun malentendu n’est possible : ceux qu’il met en scène ne sont pas liés à l’Ancien Régime mais au nouveau.

Enfermé depuis 1777, à sa libération 13 ans plus tard, Sade est pris d’une boulimie de rapports sociaux et se précipite au théâtre pour y découvrir avec étonnement que les Parisiens ont maintenant le goût du “noir” : “nous sommes devenus anglais… Que dis-je ? Anthropophages !… cannibales !”[17]et c’est dans ce goût qu’il va écrire la première Justine en 1791, “mon imprimeur me demandait (un roman) bien poivré, et je le lui ai fait capable d’empester le diable.”[18]

Le 19 novembre 1794, un mois après avoir été libéré de Picpus, Sade écrit à Gaufridy “tous ces gens-là ont bien agi avec nous comme l’auraient fait des anthropophages”, on est passé en trois ans du “goût” aux pratiques anthropophages et dans cette même lettre Sade décrit ses neuf mois de prison et sa condamnation à mort pour “modérantisme” par Fouquier-Thinville. Dans le vocabulaire du temps, bien proche de celui de Butua, on disait que Fouquier-Thinville tenait “le comptoir de la boucherie” et “faisait provision de gibier” pour le bourreau Samson qui “travaillait la marchandise” sous les encouragements de spectateurs qui criaient : “Broyons ! Broyons du rouge !”

Mais n’est-ce pas à ce moment précis que l’esclavage est enfin aboli dans les colonies françaises ? Comment penser ces contradictions ? Comment réussir à comprendre la trajectoire d’un Robespierre, farouche opposant à la peine de mort devenu le symbôle d’une Terreur qui va s’accélérer sans cesse et couper les têtes de tous ceux qui veulent l’arrêter dont celle de Robespierre d’ailleurs ?

“Il faut s’incliner devant la contingence absolue de l’histoire”[19]affirme avec raison, me semble-t-il, Levi-Strauss : à une voix près la peine de mort aurait été abolie, à une voix près Louis XVI n’aurait pas été condamné à mort, à un jour près Sade aurait eu la tête coupée avant d’avoir publié autre chose que la première Justine.Pitié pour les “grands hommes” ! Méfions-nous des “bonnes causes” du moment, méfions-nous de ceux qui se disent “vertueux défenseurs du bon droit”[20]des noirs, des blancs, des femmes, des pauvres, des exclus, des esclaves. 

Rions quand, en 1795, Mme de Saint-Ange fait sortir Augustin le jardinier avant de lire un pamphlet égalitariste en lui disant que ce texte n’est pas fait pour ses oreilles.

Rions quand ce pamphlet déduit d’affirmations incontestables des conclusions absurdes et criminelles.

Rions quand au nom de la vertu et du bonheur de tous, on manie la funèbre faux pour tailler “l’arbre de la superstition”.

Rions quand pour construire un homme ou un peuple nouveau, pour “régénérer” une nation on coupe, on élague des branches considérées comme dangereuses pour la survie de l’arbre au risque de tuer l’arbre.

Remarquons que ce pamphlet totalement burlesque et qui fait l’objet de tant de lectures sérieuses commence, en pleine période de déchristianisation, par encourager l’accélération de l’usage de la “faux” par ceux qui l’ont en main – “Portez le dernier coup”, leur dit-il, et tant que vous y êtes déracinez totalement le si contagieux “arbre de la superstition”- mais finit par condamner totalement la peine de mort et toutes les violences transformant en martyrs les sectateurs des causes que l’on veut éradiquer :

“ Ce ne serait donc point à permettre indifféremment tous les cultes que je voudrais    qu’on se bornât, je desirerois qu’il fût libre de se rire et de se moquer de tous, que des hommes réunis dans un temple quelconque pour invoquer l’éternel à leur guise, fussent vus comme des comédiens sur un théatre ; au jeu desquels il est permis à chacun d’aller rire ; si vous ne voyez pas les religions sous ce rapport, elles reprendront le sérieux qui les rend importantes, 

. Je ne saurois donc trop le répéter, plus de Dieux, français plus de Dieux… mais ce n’est qu’en vous en moquant que vous les détruirez, tous les dangers qu’ils traînent à leur suite renaîtront aussi-tôt en foule, si vous y mettez de l’humeur ou de l’importance. Ne renversez point leurs idoles en colère, pulvérisez-les en jouant, et l’opinion tombera d’elle-même.”[21]

Pour Hegel, il y a des ruses de l’histoire, les hommes en suivant leurs passions poursuivent des buts qu’ils n’atteignent pas et en atteignent d’autres totalement imprévus et c’est cela qu’il nomme la Raison dans l’histoire mais pour Levi-Strauss comme pour Sade n’existe nulle Raison à l’oeuvre dans l’histoire mais une constante déraison dont nous pouvons simplement tenter de limiter les abus et les effets négatifs. Gardons-nous de diaboliser ou de diviniser une culture ou une société, gardons nous de diaboliser ou de diviniser les hommes du passé, essayons de les comprendre après coup tout en sachant que “les humains se trompent à tout coup ; l’histoire le montre. On dit “de deux choses l’une”, et c’est toujours la troisième. ”[22]

Mais ne peut-on pas recommencer, ingérer, digérer plutôt que trier, expurger et vomir ? 

«Le jugement du point de vue de la dégustabilité (c’est à vomir!) est le jugement fondamental de la morale.» nous rappelle Nietzsche, plus douce et plus juste me parait la méthode sadienne celle issue du passé et des sociétés les plus archaïques, celle des conteurs et des femmes qui, depuis des temps immémoriaux, racontent pour le plus grand plaisir des enfants des histoires horribles. “Ne pensons plus à nos maux que pour en faire frémir nos neveux.”


[1]   Catherine Gallouët: “Sade, noir et blanc : Afrique et Africains dans Aline et Valcour (travaux choisis de la Société canadienne d’étude du dix-huitième siècle, vol24, 2005, p78 (URI:http://id.erudit.org/iderudit/101217ar)

[2]   Ibid p 67.

[3]   La Nigritie… in Geographiae imaginariae. Dresser le cadastre des mondes inconnus dans la fiction narrative de l’Ancien Régime” ed. MC Pioffet, Québec, PUL.

[4]   Aline et Valcour, Pléiade, t1, p 609

[5]   Aline et Valcour, Pléiade, t1, p 434.

[6]   MP Farina Sade et ses femmes, ed François Bourin, 2016, p 187-188.

[7]   Ibid p 190.

[8]   Aline et Valcour,Documents, Pléiade 1, p1224

[9]   Levi-Strauss, Tristes tropiques,Plon, 1955, p 448 et suivantes.

[10]Le président mystifié, Historiettes, contes et fabliaux,OC, t. XIV, p. 176.

[11]Sade Histoire de Juliette, 10/18, t.2, p. 227.

[12]Aline et Valcour,Pléiade t1, p775-776.

[13]Aline et Valcour,Pléiade t1, p 926.

[14]Ibid p935.

[15]Ibid p772.

[16]Siècle des Lumières par opposition aux siècles gothiques où la religion, la superstition dominaient.

[17]Lettre à Gaufridy  fin mai 1790, MP Farina Sade et ses femmes,ed F.Bourin, p 259.

[18]Ibid lettre à Reinaud 12 juin 1790 p263.

[19]Claude Levi-Strauss, Didier Eribon  De près et de loin,ed Odile Jacob, 1988, p 175.

[20]Sade Isabelle de Bavière, Oeuvres complètes, ed Têtes de feuilles, 1973, tXV, p399.

[21]La philosophie dans le boudoir, Français encore un effort…folio p 205

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