Hors de toute exécution.. Sade et Lequeu, deux destins singuliers de la Révolution

L’Institut Charles Cros va publier en avril 2019, dans sa collection « Éthiques de la Création », le troisième ouvrage de Marie Paule FARINA consacré à Sade, philosophe outrancier de la raison et du désir.

L’ouvrage à paraître s’intitule Le Rire de Sade (essai pour une sadothérapie joyeuse)…

MariePaule Farina nous adresse, afin d’accompagner l’édition du Rire de Sade, cet article qui compare les destins singuliers (et contrariés) de l’architecte Jean-Jacques LEQUEU et de l’écrivain Donatien de SADE…

« L’exposition des oeuvres de Jean-Jacques Lequeu au Petit Palais a créé chez un certain nombre de  commentateurs un malaise. Peut-on qualifier d’“architecte révolutionnaire” un homme que nous ne connaissons, que parce qu’il a légué  avant sa mort des centaines de dessins à la bibliothèque royale ? Un dessinateur-architecte qui n’a rien construit de ce qu’il dessinait avec une précision de géomètre et ombrait avec le talent d’un peintre et dont nous admirons les oeuvres dans un musée et non sur les places et les rues de nos villes n’est-il pas simplement un homme auxquelles les circonstances ont interdit de mener à terme ses projets ? Mais si ces circonstances, en l’occurence la Révolution, en expulsant ou en emprisonnant tous les clients potentiels de ce jeune homme plein d’avenir en avait fait non un “architecte frustré” comme j’ai pu le lire mais, au contraire, le plus libre et le plus épanoui des créateurs “d’idées” architecturales ?

“Il n’en est pas d’une idée comme d’un ouvrage (de l’esprit). On peut se tromper bien aisément quand on n’a que soi pour juge dans un ouvrage de ce genre ; dans une idée, cela est bien difficile et, à moins que de manger du foin, il est impossible de ne pas savoir si une idée est belle ou si elle ne l’est pas. Or j’affirme à l’univers entier que l’idée de mon plan est belle : n’ayez pas peur de m’en entendre jamais dire autant d’un de mes ouvrages.”[1]

Cela, ce n’est pas Lequeu qui l’affirme, mais Sade en 1782, à un moment où, enfermé dans dix mêtres carrés au donjon de Vincennes depuis cinq ans, il s’ennuie à mourir et supplie sa femme de lui envoyer des livres “de seconde lecture”, des livres lui permettant, le soir, une fois son travail “sérieux” de lecture et d’écriture accompli, de se distraire du froid et de la solitude en se dissipant un peu. En l’absence de ces livres, Sade s’était amusé à faire le plan d’un théâtre qu’il avait envoyé à sa femme  et celle-ci, croyant bien faire, la femme de Sade est toujours pleine de bonnes intentions, avait transmis “cette espèce de programme” à un architecte en lui demandant s’il était possible de le réaliser (d’en réaliser “les plans, coupes et élévations”) pour un louis.  Pour  vingt cinq ou trente peut-être, lui répondait M. Reuflet-Duhameau architecte dans une très longue lettre détaillant le gigantisme du projet sadien avec ses multiples salles de spectacles “mais aussi des pavillons des muses” et “douze allées avec leurs dépendances”, un projet qui semble avoir été comme ceux de Lequeu, à la fois projet de construction et dessin de tout un paysage.

Si nous n’avons pas le dessin et le programme de Sade nous avons cette longue lettre de l’architecte que Mme de Sade joint à la sienne le 6 juillet 1782 et, comme s’il fallait, chez Sade de même que chez Lequeu, qu’une femme soit toujours là pour rendre plus légère la pierre d’un monument, cette réponse est adressée à l’auteure supposée du projet, une jeune femme libre, oisive, célibataire… et artiste !

“Mademoiselle,

J’ai lu avec la plus grande attention l’espèce de programme que vous m’avez fait l’honneur de me remettre. C’est une idée vaste, ingénieuse et bien conçue, qui ne peut que faire honneur à son auteur, si elle s’exécute… Vous êtes plus que personne en état d’en juger, étant vous-même dans les arts”[2]

Pauvre architecte ! Pauvre Mme de Sade ! Employer avec Sade le verbe “exécuter” c’est toujours s’exposer à prendre une volée de bois vert ! Il l’a pourtant déjà dit à Renée-Pélagie, “exécuter” est un verbe qui appartient au vocabulaire d’un exempt de police et l’employer c’est, pour une femme, se rendre à tout jamais infréquentable, mais là, il s’agit d’architecture et non d’arrêt, à coup sûr cela n’entraînera aucune souffrance, aucune mort d’homme alors pourquoi réagir ainsi ? Pourquoi ressentir comme un “persiflage” ce que sa femme lui dit de “son plan” ? Est-ce le compliment de l’architecte qui lui paraît un peu outré ? Bien au contraire c’est parce que son idée est “belle” et même “sublime” qu’elle est irréalisable et ne peut que rester à l’état de dessin, ce qu’il demande à cet architecte c’est un dessin et rien de plus, réaliser son idée ce serait la tuer, l’exécuter.

“Je sais assez d’architecture et j’ai assez étudié toutes les beautés de cet art en Italie, où j’ai passé tout mon temps, rien qu’avec des gens de ce métier, pour décider si une idée est belle ou non et je vous répète que mon idée est superbe et si sublime qu’elle est hors de toute exécution. Il n’y aurait ni aucun état, ni aucun souverain en Europe assez riches pour la faire exécuter. Ainsi ou votre dessinateur n’a pas dit ce que vous lui faîtes dire ou c’est un sot de demander à être employé pour une exécution qu’il doit bien sentir impossible. Ce n’est donc qu’une jolie chimère, mais que j’aime et dont je veux un jour orner mon cabinet. Voici un petit supplément que vous lui remettrez et qui devient nécessaire à l’exacte exécution de son dessin. Baste ![3]

“Baste” sur cette question mais pourquoi est-ce dans cette lettre et dans cette lettre justement qu’après avoir écrit cela il éprouve le besoin de parler très, très longuement de lui-même, de son rapport à sa femme, de son rapport à ses enfants, de ce qui aurait pû être si on lui avait permis de rester en Italie au lieu de l’enfermer, si on avait adopté pour modifier ses goûts et alors qu’il était encore jeune une méthode douce ? pourquoi est-ce dans cette lettre qu’il choisit de faire, en même temps, ce qu’il appelle “sa profession de foi” d’honnête homme où il s’engage non à devenir “vertueux” mais à faire en sorte que jamais sa femme ni ses enfants n’aient à souffrir de ses “goûts”, “parce qu’il n’est pas dit, écrit-il, qu’on soit un coquin pour avoir de la singularité dans les plaisirs” et une apologie d’une situation qui lui a imposé de s’endurcir, de rendre son âme“inaccessible aux bons sentiments.” ?.. “j’aime bien mieux, écrit-il, n’avoir à chasser de ma tête que vos chiffres, que d’avoir eu à en bannir une infinité de choses et de détails, très délicieux selon moi et qui savent si bien adoucir mes malheurs quand je laisse errer mon imagination.”[4] ?

Si l’absence totale de commandes après la Révolution enferme Lequeu dans son bureau du cadastre peut-être lui permet-elle, à lui aussi, d’oser laisser “errer” son imagination en liberté sans “en bannir une infinité de choses et de détails” qui amèneront certains de ses dessins, après sûrement avoir “orné son cabinet”, à figurer aux côtés des oeuvres anonymes de Sade pendant deux siècles dans l’Enfer de la BNF.

“J’ai tout conçu, mais je n’ai pas tout fait” a toujours affirmé Sade  et enfermé à Vincennes la première finalité qu’il donne à son écriture  n’est pas de lui permettre d’échapper au monde tel qu’il va mais au contraire de s’y intégrer en lui assurant une réputation d’homme de lettres recouvrant jusqu’à la faire oublier et disparaître sa réputation de libertin découpant des boutonnières dans la chair des femmes et les flagellant le jour de Pâques, en dérision de la passion du Christ. Il lit et écrit des pièces de théâtre, des comédies, des tragédies, il s’essaie à tout, imite le goût du jour, bride, dit-il, son “génie” qui le pousse plutôt vers l’Arétin et ses histoires de putains que vers Molière. Il demande à son ami et ancien précepteur l’abbé Amblet de lui servir à nouveau de mentor dans ce domaine : ce qu’il écrit n’a-t-il pas “un goût de chaîne” ? À ses questions précises sur la durée de son enfermement, sa femme ne répond pas, si ce n’est pour lui conseiller d’être sage car chacun de ses éclats l’éloigne un peu plus de sa libération, à ses questions précises sur ses vers, ses personnages ou la qualité de ses pièces Amblet  fait lui aussi la sourde oreille, mais pourquoi ne lui dit-on pas la vérité ? Il ne demande que cela : la vérité, et bien cette vérité qu’il demande à cor et à cris, de manière très naïve ou très perverse, je ne sais, dans sa lettre d’accompagnement à la réponse de l’architecte, Mme de Sade, en deux phrases assassines, va la donner, sans gaze adoucissante, à son mari:

“La réponse d’Amblet à ta comédie : il n’a plus voulu, après la lecture, mettre son sentiment par écrit, parce qu’il dit franchement qu’il n’y a rien de bien à en mettre ; que si ce travail t’amuse, comme amusement, tu peux le continuer, mais pour paraître en public, il dit que cela ne se peut pas. Tu veux que l’on te parle franchement et voilà ce que franchement il m’a dit.”[5]

Privé de promenades, persuadé qu’on l’empoisonne et qu’on le rend aveugle en lui jetant de la poudre aux yeux sous prétexte de les lui soigner, c’est à un Sade bien mal en point que Renée-Pélagie, la douce Renée-Pélagie, assène ce coup mais, franchise pour franchise et amusement pour amusement, Sade va, délibérément et pour sauver sa peau, réussir à faire remonter, dans ce Paris des Lumières, toutes les ressources de sa Provence gothique et toutes les franchises de son carnaval.

 Dès 1778, Sade comprend que toute sa souffrance va venir des lettres de sa femme et des messages toujours brouillés, toujours énigmatiques qui lui viennent du monde extérieur mais il lui faudra des années pour commencer à élaborer ses propres poudres, ce qu’il appellera toute sa vie “ses livres de Bastille”, non parce qu’il les a écrits à la Bastille et sous l’Ancien régime, tous sont écrits et publiés après 1790 et pendant ses dix années de liberté, mais parce que c’est à Vincennes et à la Bastille qu’il a commencé à élaborer cette oeuvre romanesque unique et effrayante à bien des égards et qu’on ne peut comprendre si l’on ne voit pas que loin d’être peinte d’après nature, elle est d’un irréalisme total et écrite de bout en bout de “gaieté d’imagination” avec une seule gageure : faire l’inventaire de tout ce qui peut-être conçu de plus immoral et de plus scandaleux.

En 1783, quand Sade emploie pour la première fois cette expression dans une lettre à sa femme, peut-être pense-t-il déjà à Justine et Juliette mais seulement comme aux personnages d’un petit conte à placer dans son portefeuille, pourtant  toutes ses “idées” sont déjà en place, il a  déjà dessiné les contours de “la chimère” dont il va “orner” son cabinet et le nötre pour échapper dans un éclat de rire aux petites farces imbéciles et aux petits crimes bien réels et bien “destructifs” d’ostrogoths  ayant perdu toute humanité. Quinze ans plus tard, c’est Juliette la démocrate, la Française, à qui tout réussit qui dira, devant le volcan de Pietra Mala dont elle provoque par ses coups de baguette les éruptions successives, la vérité de cette création littéraire si extraordinaire, si irréaliste, qu’elle est, “hors de toute exécution”: “C’est mon imagination s’allumant sous les coups de verge que mon cul reçoit.”[6]

Dérision parodique[7] des édifices construits par les architectes de son temps, sexualisation d’un paysage où les grottes deviennent vulves à explorer, “calembours visuels”, aujourd’hui “l’Architecture civile”, cette collection de dessins constituée par Lequeu dans la solitude la plus totale peut être vue  comme une sorte d’île dont l’imagination du dessinateur a ordonné le paysage avec une précision et un luxe de détails tels que ses fictions architecturales tout comme les fictions romanesques sadiennes paraissent des projets réels alors que, dès le départ, les deux ont été conçues, me semble-t-il, crayon en main, comme un hommage à tout ce que les hommes pourraient enfanter s’ils cessaient de détruire et d’enfermer leurs capacités créatrices dans le moule du possible, du réalisable, pour oser rêver vraiment, innocemment.

Dans Aline et Valcour, le roman philosophique, le roman par lettres et de bon ton, qu’il publie sous son nom, Sade fait écrire à Valcour dans une langue beaucoup plus léchée que celle de Juliette :

« Je voudrais que tous les hommes eussent chez eux, au lieu de ces meubles de fantaisie qui ne produisent pas une seule idée, je voudrais, dis-je, qu’ils eussent un espèce d’arbre en relief, sur chaque branche duquel serait écrit le nom d’un vice, en observant de commencer par le plus mince travers, en arrivant ainsi par gradation jusqu’au crime né de l’oubli de ses premiers devoirs. Un tel tableau moral ne vaudrait-il pas un Téniers ou un Rubens ? »[8]

Ce « tableau », cet “arbre”, représentant le crime sous toutes ses formes c’est, bien sûr, son œuvre qu’il nous invite à garder chez nous, près de nous, peut-être sur notre table de chevet, en remplacement de « ces meubles de fantaisie qui ne produisent pas une seule idée. » Seul Flaubert, à ma connaissance, aura fait cet usage de l’oeuvre de Sade, une oeuvre dont il est le premier à avoir vu l’aspect burlesque et à avoir soupçonné qu’elle avait quelque lien, non avec l’Ancien Régime mais avec la Terreur.

Aujourd’hui, nous avons à notre disposition la correspondance de Sade pour confirmer cette intuition flaubertienne. Le 19 novembre 1794, Sade écrivait à son ami et notaire Gaufridy :

“… Et moi aussi, mon cher citoyen, j’ai été incarcéré. … J’ai fait quatre prisons dans mes dix mois … ma quatrième était un paradis terrestre ; belle maison, superbe jardin, société choisie, d’aimables femmes, lorsque, tout à coup, la place des exécutions s’est mise positivement sous nos fenêtres et le cimetière des guillotinés dans le beau milieu de notre jardin. Nous en avons, mon cher ami, enterré dix-huit cents en trente-cinq jours, dont un tiers de notre malheureuse maison. Enfin, mon nom venait d’être mis sur la liste et j’y passais le 11, lorsque le glaive de la justice s’est appesanti la veille sur le nouveau Sylla de la France… En vérité, tous ces gens-là ont bien agi avec nous comme l’auraient fait des anthropophages… Allons, courage, tout va se rétablir en détail et nous ne penserons plus à nos maux que pour en faire frémir nos neveux.[9]

En 1794, Lequeu, quant à lui, participe aux différents concours architecturaux de l’an II : il proposera les dessins d’un temple à élever à l’égalité, d’une justice de paix, d’un arc de triomphe, aucun de ces projets ne sera retenu et, de toutes façons, même les projets retenus ne furent jamais construits. Dès l’an III, au moment où Sade écrit la philosophie dans le boudoir, Lequeu réalise une de ses plus belles fantaisies érotico-architecturales intitulée “ce qu’elle voit en songe”. Et ce que voit en songe cette jeune femme, à la belle poitrine soigneusement ombrée, assoupie et allongée sur un bas-relief lui servant de couche, c’est un petit Priape chevauchant et couronnant un phallus.

Lequeu aura donc réagi de la même manière que Sade  à cette “place des exécutions” où trônait une guillotine qu’un de ses collègues architecte avait conçu avec Guillotin, au moment où un poète prêtait sa plume à Lepeltier de Saint-Fargeau pour écrire cet alexandrin, que Claudel trouvait le plus beau de la langue française : “Tout condamné à mort, aura la tête tranchée.”

 À défaut de pouvoir transformer tout ce sang répandu sur la place publique en conte d’anthropophages à lire aux enfants à venir, bien au chaud sous leurs draps, pour les faire frémir, il aura d’emblée choisi de se promener en bonne compagnie dans quelque souterrain d’Herculanum. J’invente à peine puisque la biographie de Jean-Jacques Lequeu qui figure  dans “JJ Lequeu, bâtisseur de fantasmes”, le catalogue de l’exposition dont je parlais, précise que “ses dessins d’expression, d’anatomie féminines et masculines et de figures de femmes ne portent que peu de dates… on sait aussi que, durant cette période, il reçoit des modèles féminins. Il l’affirme  le 15 octobre 1795, dans une lettre où il tente de se disculper de toute participation aux événements du 13 vendémiaire an IV. Il y rapporte que pendant que l’insurrection royaliste enflammait Paris, “sur les neuf heures les citoyennes Anne-Marie Catherine Rémy et Françoise Thouvenin de la même section entrèrent chez lui pour modèles et qu’il s’occupa à ombrer plusieurs attitudes commencées jusqu’à plus de trois heures après-midi.”[10]

Mirabeau qui mourra bien avant que “le rasoir national” ne s’emballe, disait qu’il menait “une vie toute exécutive”, pour cette raison peut-être, le philosophe Ortega y Gasset en a fait le modèle de l’homme politique. Sade et Lequeu, quant à eux, se seront contentés d’une innocente vie toute imaginative et cela pour notre plus grand plaisir. « 

Marie-Paule Farina


[1]   Lettre de Sade à sa femme 1782, Correspondance du marquis de Sade, Alice M Laborde, ed Slatkine, 2007,tXVII, p 155.

[2]   Lettre de Reuflet-Duhameau, Correspondance, tXVII, p124.

[3]   Lettre de Sade p155.

[4]   Lettre de Sade »  Correspondance Laborde p159,cf. Marie Paule Farina  Sade et ses femmes, éds. François Bourin, 2006, p204

[5]   Lettre de Mme de Sade  Correspondance Laborde tXVII p122.

[6]   Histoire de Juliette, 3ème partie, Pléiade, t III,p 696.

[7]   Guillerme  article sur Lequeu  revue XVIIIe siècle N°6 1974.

[8]   Aline et Valcour, lettre XIX, Pléiade, t. 1, p. 458.

[9]   Sade et ses femmes, MP Farina, éditions François Bourin, 2016, p  269.

[10] JJ Lequeu bâtisseur de fantasmes, Laurent Baridon, JP Garric et Martial Guédron, BNF/éds Norma, 2018, p162.

One Response to “Hors de toute exécution.. Sade et Lequeu, deux destins singuliers de la Révolution”

  1. Flaubert, les luxures de plume – MARIE J. DESVIGNES writes:

    […] Hors de toute exécution.. Sade et Lequeu, deux destins singuliers de la Révolution [archive], Institut Charles Cros […]

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