« Éthiques & Mythes de la Création », le séminaire sur les mythes en mouvement

Éthiques & Mythes de la Création, séminaire (photo @Dallet)

  Le monde bouge et nous en sommes les témoins pluriels.

Le séminaire ÉTHIQUES et MYTHES de la CRÉATION (EMC) explore l’imaginaire qui préside à la création des savoirs.

 Pour ce faire, il conjugue concrètement des expériences artistiques  et de terrain avec des exposés théoriques dans une perspective de compréhension globale des processus créatifs.

Cette confrontation transdisciplinaire associe les images, les sons avec les diverses formes de l’écrit, désormais transformés par les arts de l’enregistrement, définis naguère par Pierre Schaeffer comme des « Arts Relais ». Notre société démultiplie ces relais, qui sont des échos, des matières à narcissisme, mais aussi qui contribuent à réinventer des liens de proximité, enchâssés dans des processus mythiques. Il convient d’examiner cette fluidité mythique qui se transforme et perdure au travers des médias. Pourquoi associer l’éthique avec la création ? Nous pensons que l’éthique participe du socle des connaissances communes dont on peut interroger la généalogie et la pertinence des récits : l’éthique est une dynamique forte qui conjugue les arts, les sciences et la perception que chacun se fait de la construction des savoirs et du vivre-ensemble. L’éthique devient la ressource secrète de la création, dans une démultiplication d’aventures, de figures et de postures paradoxales, de la communion à la transgression des valeurs.
La création, comme l’innovation, sont des valeurs qui construisent l’architecture de l’avenir. La conjugaison du lien, du soin, du beau et du sens devient plus que jamais une exigence de la société, dès que celle-ci se fragilise. Le poète René Char stylise cette aspiration quand il écrit : « à chaque effondrement de preuves, le poète répond par une salve d’avenir ». Depuis la fin du siècle, une mue sensible s’esquisse à la rencontre des besoins du quotidien et de la quête d’un soi relié au collectif. La jouissance de la beauté va de pair avec une créativité de l’action qui réclame du sens. La création, cette pierre d’angle de la pensée occidentale, comme l’éveil est le socle de la pensée orientale, révèle au-delà de l’inquiétude de nos sociétés prométhéennes, une volonté de lien, de médiation et de reconnaissance. Ce désir éthique s’appuie sur la diversité du vivant, dans une exploration qui révèle des interfaces et des synergies complexes. Cette dimension concrète, analogique, irrigue la vie souterraine de nos expressions, de nos « songes » individuels au travail collectif de terrain.

Sept à neuf séances sont prévues par année, dans une perspective d’exposés interdisciplinaires complémentaires, qui analysent la complexité des mutations culturelles, des hybridations artistiques et des résurgences symboliques contemporaines. Depuis 2014, le séminaire EMC est entrée en partenariat avec Innovaxiom qui le filme et retransmet sur la réseau Internet You Tube  (cf Médiathèque) certaines de ses séances, les plus fameuses.

Ce programme s’inscrit dans la continuité du colloque fondateur de 2009, labellisé par l’Année Européenne de la Créativité et de l’Innovation.

Le séminaire EMC, présenté par l’Institut Charles Cros et le Centre d’Histoire Culturelle des Sociétés Contemporaines (EA 2448, université de Versailles St-Quentin, UVSQ)  correspond à un rendez-vous scientifique pérenne, lié au projet de recherche «Éthiques de la Création» qui allie dans une écoute constante, des universitaires avec des expérimentateurs et des chercheurs de terrain, des artistes et des auteurs. Ce séminaire a reçu le label Axe 1 : Anthropologie de la communication de la Maison des Sciences de l’Homme et s’est continué jusqu’en 2015 à la Maison des Sciences de l’Homme Paris Nord (Saint-Denis). En 2016, le séminaire EMC  a noué un partenariat avec la Fonderie École de l’image (Bagnolet). En 2017,  il est nomade, au gré des partenariats liés à nos thèmes  : à l’espace Harmattan (24 rue des Écoles, Paris) en février, avril,  mai  et octobre 2017 et avec la Maison des Sciences de l’Homme Paris Nord en mars 2017. Depuis 2018, le séminaire se déroule toute l’année à l’espace Harmattan, à Paris. Et, depuis 2020, il s’est déroulé en vision conférence… jusqu’à son retour le 18 mars 2022 en présenciel. En avril 2024, le séminaire se déplace au CAREP Paris, pour par la suite nomadiser au gré de ses thèmatiques.

Ce séminaire est  annoncé sur l’AGENDA de l’Institut Charles Cros et son contenu est précisé sur cette rubrique, séance par séance.

Année 2024

 Le 25 avril 2024, le séminaire “Éthiques & mythes de la création” dirigé par Sylvie Dallet (Institut Charles Cros / Centre d’Histoire Culturelle des Sociétés Contemporaines  Université de Paris Saclay) s’associe à la Table Ronde  “Arts et Migrations” organisée par Centre Arabe de Recherches et d’Études Politiques (CAREP Paris).
 Cette Table Ronde, animée par Sylvie Dallet,  se déroulera au CAREP  Paris (12 rue Raymond Aron, 75013 Paris) à partir de 17 heures 30 et sera suivie d’une performance artistique.

Introduction  : La question des migrations au sein des pays arabes n’a pas suscité beaucoup d’intérêt par le passé, et dans la littérature scientifique, peu d’études s’intéressent aux migrations dans les contextes non occidentaux. Cette lacune documentaire s’explique notamment par le fait que les chercheurs arabes eux-mêmes abordent rarement ce sujet. Les quelques études existantes en langue arabe sur le sujet s’intéressent davantage aux flux Sud-Nord, qu’aux migrations internes au sein des régions  Sud et pays méditerranéens. Les pays du Maghreb et du Machrek ont été surtout étudiés comme lieux d’émigration pour des raisons tant économiques que politiques. Aujourd’hui, les pays de l’Afrique du Nord deviennent à leur tour des lieux d’immigration, temporaire ou permanente, entraînant des phénomènes de crispation identitaire et une recrudescence du populisme.

Dans un tel contexte, s’interroger sur les expressions artistiques et littéraires qui  témoignent de ces migrations –  et en permettent les métamorphoses – ,  semble nécessaire. Sur ce questionnement relatif à la créativité, le séminaire « Éthiques et mythes de la création » s’associe avec la dernière Ronde initié par le CAREP, dans le cycle de leurs conférences « Migrations et sociétés arabes ».

Cette phrase de la poètesse Andrée Chedid  suggère les métamorphoses  de l’exil, dont les intervenants vont exprimer quelques aspects, tant pour la littérature, le cinéma que la danse et la musique.

Résumé : Cette contribution interroge la représentation des migrants dans un ensemble de films tunisiens. Il s’agit de mettre en relief les permanences, variations et ruptures qui caractérisent cette figuration face aux nouvelles réalités qui affectent les flux migratoires, face aux clichés véhiculés par le cinéma dominant et dans un contexte marqué par la transnationalisation qui met en question l’indépendance des regards et des expressions. Les cinéastes tunisiens, depuis  Les Ambassadeurs  de N. Ktari en 1975, ont dessiné, à partir d’une perspective critique et souvent désenchantée, les portraits de multitudes en quête d’un ailleurs synonyme d’émancipation ou de bien-être social.

Biographie  succincte : Tarek Ben Chaabane enseigne la sociologie des médias et du cinéma à l’École supérieure de l’audiovisuel et du cinéma de Gammarth (Université de Carthage). Il a travaillé comme rédacteur culturel auprès de plusieurs journaux et magazines tunisiens. En tant que scénariste, il a collaboré avec plusieurs réalisateurs tunisiens. Il a été directeur de la Cinémathèque tunisienne. Il est l’auteur d’ouvrages, d’articles et d’un documentaire  Cinéma, passion et nation ( 2023) sur l’histoire du cinéma tunisien.

Résumé : Mon intervention portera, pour l’essentiel, sur le personnage du travailleur immigré, aussi bien en Europe que dans les pays du Golfe, tel qu’il est campé dans le roman arabe de ces trente dernières années. D’autres types de migrants arabes, de longues ou de courtes durée(intellectuels, hommes d’affaires, réfugiés politiques), n’y sont pas absents, observés le plussouvent sous l’angle de leur aspiration ou, au contraire, de leur résistance à l’acculturation.C’est le phénomène des migrations de masse pour des raisons économiques, qui a imposé des approches centrées sur les conditions de vie des immigrés démunis : surexploitation, ghettoïsation, racisme, misère sexuelle, etc. J’aborderai, en guise d’exemples significatifs, des romans de l’Egyptien Ibrahim Abdel-Meguid (L’Autre pays), du Tunisien Habib Selmi (La Nuit de l’étranger), du Koweïtien Taleb Alrefai (l’Ombre du soleil), et de l’Egyptienne Maral al-Tahawi (La Ville du soleil Levant).

Biographie  succincte : Né à Damas en 1944, bibliothécaire à l’Institut des langues et des civilisations orientales (1972-1986), directeur de la publication de la Revue d’études palestiniennes (1981- 2008), conseiller culturel à l’Institut du monde arabe (1989-2008), il dirige chez Actes Sud, depuis 1995, la collection Sindbad consacrée notamment à la traduction de la littérature arabe classique et contemporaine. Il est l’auteur (ou le co-auteur) d’une vingtaine d’ouvrages à caractère historique, politique, littéraire, gastronomique ou bibliographique.

Biographie  succincte: Ammar Kandeel est docteur en littérature française et comparée (Université Paul-Valéry-Montpellier 3). Ses travaux de recherche portent sur les écritures migratoires et exiliques palestiniennes dans la littérature et les arts visuels et graphiques, sur l’historiographie palestinienne et sur les espaces artistiques au Moyen-Orient. Il a été lauréat du programme de mobilité postdoctorale ATLAS 2020 (FMSH-ACSS), du programme de recherche sur la sortie de la violence IPEV (Carnegie NY & FMSH) et du programme ATLAS 2022 (FMSH-UNIMED).

Résumé : Cette communication examine l’évolution de la représentation du réfugié palestinien dans la bande dessinée arabe. Située dans l’effervescence des collectifs bédéiques après les printemps arabes, la bande dessinée palestinienne et arabe questionne les modes de visibilité et de visibilisation des figures migratoires. L’analyse consiste à décrypter les modalités selon lesquelles ce média autorise de nouvelles stratégies d’auto- représentation des réfugiés. Elle vise à comprendre l’impact de ce média sur la perception sociale de l’image et du discours des/sur les réfugiés depuis le cas palestinien.

Résumé : La politique migratoire européenne a érigé des barrières dans une zone historiquement ouverte aux échanges, transformant ainsi la ville de Tanger au Maroc en une frontière illusoire entre l’Afrique et l’Europe. Cette restriction des mobilités a conduit le royaume à devenir un lieu d’installation pour de nombreux migrants cherchant à rejoindre l’Europe, en particulier depuis le drame de Ceuta et Melilla en 2005. De nombreux artistes en situation de migration choisissent de pointer l’écart entre les représentations portées sur l’étranger et son vécu intime. Ils transforment leurs vécus fondées sur la souffrance à une pensée profonde sur la conception de l’« immigré ». Notre travail ethnographique est fondé sur une immersion au sein de groupes artistiques fondés par des migrants camerounais, il aborde la complexité du processus de migration. Ainsi, au sein des stratégies connues d’adaptation des récits d’exil pour susciter la sympathie et organiser les conditions d’une régularisation, les interlocuteurs de l’étude ouvrent une perspective dynamique sur le devenir migrant. Face à la prescription d’un statut,  ces individus renouvellent leurs identités par la pratique artistique ; ainsi, devenir artiste est perçu comme un accomplissement qui symbolise le réel à travers la danse et le son.

Biographie  succincte : Khalid Mouna est professeur à l’université Moulay Ismail de Meknès. Ses recherches portent sur la production et la consommation de drogues, les migrations internationales et le corps. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages : Le bled du kif. Economie et pouvoir à la Ketama du Rif (Ibis Press, 2010), Identité de la marge. Approche anthropologique du Rif (Peter Lang, 2018). L’éloge de l’inversion. Sexualité et rituel de transgression au Maghreb (La Croisée desChemins, 2022). Il a codirigé l’ouvrage : Terrains marocain. Sur les traces des chercheurs d’iciet d’ailleurs (La Croisée des Chemins, Centre Jacques Berque, 2017). Il a dirigé plusieursprogrammes de recherche internationaux, et est membre de nombreux programmes derecherche européens. Il a réalisé deux films documentaires : Le maître du Coran et Mono.

Biographie succincte : Victoire Jaquet est doctorante en anthropologie de la danse au Centre de Recherche en Ethnomusicologie de l’Université Paris Nanterre. Elle conduit une ethnographie en collaboration avec le chorégraphe Taoufiq Izeddiou et les danseur.se.s qui l’entourent à Marrakech. Sa thèse, en cours d’écriture, interroge les potentiels herméneutiques du recours aux archives dans l’invention et le décentrement d’un regard ethnographique. Ainsi, elle développe une approche documentant la danse contemporaine, ses esthétiques et les micropolitiques contenues dans les relations qu’elle entretient avec des continuums musico-chorégraphiques pluriels, tant locaux que mondialisés.

À BIENTÔT !

Année 2023

Adresse du séminaire : 21 bis rue des écoles, Paris (Partenariat Harmattan)

Le séminaire ÉTHIQUES & MYTHES de la CRÉATION, proposé par Sylvie DALLET est produit en partenariat entre le Centre d’Histoire Culturelle des Sociétés contemporaines – Université de Paris Saclay  & l’Institut Charles Cros. Il émane du programme de recherche interdisciplinaire international

« Éthiques de la Création ».

Lundi 4 décembre 2023

 » Recettes de plaisir : littérature, mémoire et gourmandise »

Si cuisiner est un langage, ses discours peuvent être des formes de la philosophie du goût. Naguère les livres de recettes étaient de sobres écrits, destinés à une fabrication culinaire. Désormais les livres de cuisine cultivent la littérature et associent l’épicurisme à des digressions savantes. La gourmandise devient un art littéraire qui touche à la philosophie du corps, de la mémoire et du féminin…


Avec pour invitées : Héla Msellati (professeure des universités et autrice radiophonique, Tunis, autrice de l’ouvrage francophone Piments et compagnie), Lauren Malka (journaliste et autrice du livre Mangeuses, histoire de celles qui dévorent, savourent ou se privent à l’excès), Élise Goldberg (autrice,Tout le monde n’a pas la chance d’aimer la carpe farcie)  …

Introduction

Syvie Dallet : Récits gourmands, pour une éthique du goût….

Conférences :

Lauren MALKA : Pour reconstruire une histoire des gourmettes

Résumé : Existe-t-il une écriture culinaire féminine ? La question peut paraître gênante tant on a l’habitude de balayer d’un revers de main ce qualificatif “féminin”, trop souvent employé pour essentialiser les femmes, les réduire à leur fonction biologique. Or, sur le plan socio-historique et culturel, la question se pose. À plusieurs reprises dans l’histoire, les femmes ont voulu œuvrer à la réhabilitation du péché de gourmandise en y apportant des valeurs de raffinement, de pensée, voire d’érudition. Mais leurs tentatives ont été effacées. L’adjectif « gourmette », lui-même, qui a pourtant existé (sous une forme ancienne), a disparu. À l’inverse, lorsque Grimod de la Reynière fonde l’éloquence gourmande, au XIXe siècle, appelée ensuite la “gastronomie”, il en exclut les femmes qui, d’après lui (et ses comparses) manquent d’un accès suffisant à la “raison”, risquent d’échauffer les sens des hommes et de les déconcentrer dans l’art très sérieux qui consiste à manger. Dans cette conférence, je raconterai l’histoire de cette exclusion et je chercherai à définir, comme je le fais dans mon livre Mangeuses, les contours d’une possible écriture culinaire plus spécifiquement féminine, qui transforme cette mise à l’écart en innovation esthétique. 

CV succinct : Journaliste pour le magazine Causette, réalisatrice d’un film-documentaire sur l’histoire des pratiques culinaires françaises (La France aux fourneaux, film d’archives de 90 minutes, présenté par François Morel, diffusé sur France 5, produit par TVOnly), Lauren Malka est l’autrice de Mangeuses. Histoire de celles qui dévorent, savourent ou se privent à l’excès (Collection “Genre!”, Editions Pérégrines, octobre 2023).  Elle est aussi l’autrice du Goût de la philosophie (Mercure de France 2020), d’un essai sur le journalisme ((“Les journalistes se slashent pour mourir”, Robert Laffont, 2016) et de plusieurs textes féministes parus dans des ouvrages collectifs.

Héla MSELLATI : Piments et compagnie, chroniques gourmandes de Méditerranée

Résumé : Dans ce livre au titre épicé (Éditions Arabesques), Héla Msellati nous invite à (re)découvrir et à déguster, l’eau à la bouche et tous les sens en éveil, la cuisine tunisienne, multicolore et pluriculturelle, dans des chroniques savoureuses qui lèvent le voile sur l’héritage culinaire tunisien. L’avant-propos, en véritable « mise en bouche », affirme : « Composante centrale de notre humanisme, aimantée aux deux pôles, domestique et académique, la cuisine est fondamentale dans notre culture intellectuelle, substantielle de notre identité. Plurielle et bigarrée, cette dernière, riche de ses multiples apports offre une palette autorisant une mise en scène domestique propice aux jeux de l’humour et de l’amour ». Autrement que d’une manière pontifiante, le mets y est dit sur un mode humoristique, sans pour autant être « a-plat-i ». La cuisine familiale y est racontée avec finesse et poésie, exaltant ses apports andalous, ottomans, italiens, siciliens et tunes qui, où qu’ils se trouvent se reconnaîtront dans des recettes bigarrées et multiculturelles.

CV Succinct : Professeure des universités à l’Institut supérieur des langues de Tunis, Héla Msellati poursuit, avec ce livre, ses promenades informatives et — ô combien poétiques— qu’elle produit dans sa chaîne You Tube « Men hadra el hadra » et ses chroniques radiophoniques diffusées sur Radio Tunis Chaîne Internationale (RTCI), chaîne à laquelle elle collabore.

Élise GOLDBERG :  Chaque aïeule a son frichti

Résumé : Les plats la cuisine ashkenaze sont des plats de pauvres qui, au fil des générations qui les perpétuent, gardent la saveur inouïe de souvenirs anciens, de la Varsovie juive à la rue des Rosiers à Paris. Comment se nourrit la mémoire ? Comment s’emberlificote la tradition au travers la carpe farcie et autres recettes de pomme de terre ?  L’humour rôde auprès de ces saveurs pour raviver la tendresse partagée des repas yiddish.

CV succinct : Élise Goldberg est autrice, correctrice dans l’édition et anime des ateliers d’écriture. Tout le monde n’a pas la chance d’aimer la carpe farcie, son premier roman (Éditions Verdier), est lauréat du prix du premier roman des Inrockuptibles 2023.

Lieu : librairie  Aux Quatre Vents/ Harmattan, 21 bis rue des écoles, 75005 Paris.

 Moment : de 18 à 21 heures

entrée libre sur inscription préalable : sylvie.dallet@uvsq.fr

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« Maternité  » Dessin au bic, Sylvie Dallet, septembre 2023

Vendredi 20 octobre  2023

 Lieu : librairie  Aux Quatre Vents/ Harmattan, 21 bis rue des écoles, 75005 Paris.

 Moment : de 18 à 21 heures

“Femmes et mères, expressivités et créativités contemporaines”

Le matriarcat est une notion diffuse qui oblige à repenser le terme même de pouvoir  (culturel, politique) et ses expressions créatives. L’époque contemporaine, si elle  s’attache  à dissocier les genres,  donne une place plus grande aux femmes, alors que par le passé, les mères étaient valorisées.  Le récent colloque international organisé par Cécile Coquet -Mokoko  et Coralie Raffenne  (université de Paris Saclay, CHCSC, septembre 2023) oblige à revenir sur cette réflexion et revisiter les récits traditionnels.

Conférencières invitées :

Cécile COQUET-MOKOKO (professeure des universités civilisation américaine), Coralie RAFFENNE (maîtresse de conférences Droit), Capucine SAMMANI  (doctorante Histoire de l’art) et Florence TRAN (réalisatrice documentaires)

Introduction au séminaire  : Sylvie DALLET :   « L’Histoire en ses présences et ses dénis. »

Résumé des interventions :

Cécile COQUET-MOKOKO,  « Le monde vu par les femmes, ou  comment penser la relation avant l’individu « 

 Résumé : Cette intervention s’efforcera de synthétiser les pistes de réflexion offertes par les différentes communications présentées pendant le workshop  « Matriarcat » et poursuivre la réflexion sur le thème commun qu’elles ont dessiné, à savoir l’accent mis sur la définition de la personne comme partie intégrante d’un faisceau de relations, plutôt que comme une individualité mise au défi de s’affirmer.

CV succinct : professeure des universités en civilisation des États-Unis, UVSQ, laboratoire de recherche CHCSC.

Coralie RAFFENNE « De la mère aliénante à la Terre-Mère: Figures matriarcales dans le Droit. »

Résumé: La figure matriarcale semble avoir surgi dans le récit juridique dans deux domaines pourtant assez éloignés : le droit de la famille et le droit de l’environnement. Depuis 2002 en France, les juges aux affaires familiales déploient le syndrome d’aliénation parentale (SAP) pour limiter la « toute-puissance » des mères. Ce récit reprend largement la propagande antiféministe des associations de pères. Il s’est d’abord imposé dans le monde anglo-saxon pour se généraliser ensuite dans l’ensemble des pays d’Europe occidentale. Cette instrumentalisation de la figure matriarcale sera interrogée. En second lieu, l’attribution de la personnalité juridique à la Nature dans plusieurs pays du Sud global s’accompagne également de la personnification de celle-ci par référence à la Terre-Mère. Cette apparente avancée dans la protection de l’environnement est-elle (des)servie par ce recours au mythe matriarcal ?

 CV succinct : Maîtresse de Conférences en Droit et Civilisation Britannique, Université Paris Dauphine-PSL, chercheuse associée CHCSC

Capucine SAMMANI, « Maternité métaphorique et mythe matristique de la création (États-Unis, 1970/1990) »

Résumé : Le mouvement artistique de la Déesse, qui se développe dans les années 1970 sur la côte Ouest des États-Unis est, pour une grande part, un mouvement de relecture et d’appropriation féministe de symboles et de codes visuels issus d’un passé éloigné et d’un supposé culte préhistorique d’une grande déesse.   La critique d’art Gloria Feman Orenstein, déploie, la première en 1990, une analyse de ce qu’elle nomme la création « matristique », afin de définir ce qui est en jeu au sein du mouvement artistique de la Déesse. Ce terme loin de se traduire par celui, galvaudé ou insuffisant de « matriarcat », ouvre au contraire un champ d’analyse nuancé de la création des artistes femmes. Ce terme polysémique implique davantage celui de « matrice » que celui de « mater », et évoque une filiation réelle, artistique, intellectuelle et souvent spirituelle de la figure de la déesse. Multiple, il permet d’articuler la question de la maternité – artistique et réelle – avec celle de la filiation à un imaginaire émancipateur (féministe et écoféministe) ainsi qu’avec un positionnement politique et intellectuel.

CV succinct : doctorante en Études sur le genre (spécialité Arts) au sein du Laboratoire d’Études de Genre et de Sexualité (LEGS) à l’Université Paris 8 – Vincennes-Saint-Denis. Ses recherches portent sur l’histoire des théories et des productions artistiques écoféministes dans la performance. Son sujet de thèse s’intitule « Idées de nature. De l’art éco-féminin à l’art écoféministe de 1972 à nos jours ». 

Florence TRAN, scénariste et réalisatrice de films documentaires, témoignera de son expérience audiovisuelle et d’observatrice et de voyageuse internationale.

Le séminaire Éthiques & mythes de la création est libre d’accès sous couvert d’une inscription préalable sur le mail : sylvie.dallet@uvsq.fr

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Du 21 au 25 juillet, Chavaniac Lafayette

le séminaire s’est droulé en juillet 2023 sur quatre journées, lors du Festival des Arts Foreztiers, à Chavaniac Lafayette (Haute Loire) avec les conférences de Delphine BENARD, Bertrand CHAPUIS, Sylvie DALLET (accompagnée au violoncelle par Birgit YEW VON KELLER) et Ruth SCHEPS

Lundi 12 juin de 18 à 21 heures, 21 bis rue des écoles, Paris.

La littérature au chevet des résistances : femmes iraniennes et kurdes sur le devant de la scène

La résistance des femmes d’Iran et du Kurdistan  suscitent en écho des expressions internationales  qui sont autant de relais aux fractures de l’Histoire.  Certaines autrices  francophones forgent des oeuvres littéraires en soutien, qui, de la poésie au théâtre, font désormais résonner symboliquement des  combats que les médias simplifient sous l’angle du politique. Cette créativité généreuse, en relais  solidaires, interroge l’époque contemporaine, dans ses dialogues transverses.

Avec la participation de Nicole BARRIERE et Nazand BEGIKHANI pour leur recueil collectif de poèmes (Jîna-Bendan – Femme, vie, liberté) et Florence HUIGE, comédienne et autrice de théâtre (Une légende à la rue).

Introduction de Sylvie DALLET : Éloge des vagabondes

Nicole BARRIÈRE :  Caravansérail des libertés

Résumé :  Laissant à Nazand Begikhani le soin de témoigner pour les femmes kurdes et iraniennes, je peux témoigner pour les femmes afghanes, pour lesquelles j’avais mené un projet littéraire Caravansérail, 1000 poètes pour la liberté et la démocratie en Afghanistan, après le 11 septembre 2001. Lectures des poèmes du recueil Jîna Bendan femmes vie liberté.

CV succinct : Poète, essayiste, traductrice, Nicole Barrière dirige la collection « Accent tonique » aux éditions l’Harmattan. Elle s’est engagée notamment pour la liberté des femmes en Afghanistan et au Kurdistan d’Irak. Elle défend la francophonie, les langues et les cultures menacées. Elle organise  et  participe de multiples lectures dans les associations ainsi que dans des manifestations internationales  (Italie, Mexique, Sénégal, Algérie, Maroc, Argentine, Kosovo, Albanie, Bulgarie, Islande).

Nazand BEGIKHANI : Jîna Bendan,  genèse de l’ouvage

Résumé : À l’origine de l’ouvrage collectif “Femmes, Vie, Liberté”, une histoire du soulèvement au Kurdistan et en Iran tel qu’il est présenté dans l’introduction de Jîna-Bendan, un recueil de poèmes francophones publié en 2023, en codirection avec Nicole Barrière. La poésie, comme un oiseau libre,  permet de porter au loin l’humanité. https://www.youtube.com/watch?v=uNyDoxwWMHE&t=92s

CV succinct : poète, écrivaine et universitaire spécialisée de la question du genre ainsi que dans les violences sexuées et sexuelles. Britannique d’origine kurde, elle est polyglotte et publie en langues kurde, anglaise et française (huit recueils parus, lauréate du Prix de la Poésie Féminine Simone Landrey en 2012 et son poème An Ordinary Day sélectionné par The Forward Poetry Prize comme l’un des meilleurs 40 poèmes de l’année en Grande Bretagne en 2006). Ardente défenseure les droits de l’Homme et de la liberté des femmes notamment au Moyen Orient, elle dirige la collection “Peuples, Cultures et littératures de l’Orient” aux éditions de l’Harmattan.

Florence HUIGE : Une légende à la rue

Résumé : Un soir d’automne, la narratrice croise dans la rue une femme encombrée de paquets, qui, un an plus tard, le 9 janvier 2013, sera assassinée : l’étrange Sara de la place de la Réunion était en réalité Sakine Censiz, cofondatrice du Parti des Travailleurs Kurdes. De ce lien fragile, Florence Huige  a tissé dix ans plus tard une pièce de théâtre où l’Histoire et la mémoire se donnent la main.

CV succinct : Comédienne, metteuse en scène et  dramaturge, Florence Huige a joué au cinéma comme à la télévision et a participé du “Paris des femmes” en 2014 au Théâtre des Mathurins. Sa rencontre fortuite avec Sara l’a conduite à créer une oeuvre de “théâtre-récit” qui questionne l’histoire du peuple kurde autour du personnage de Sakin. Dans l’urgence d’une émotion, Florence Huige ouvre un passage de témoin du féminin.

Lundi 3 avril 2023 de 18 à 21 heures : Usages et créativités symboliques des textiles

Cette séance du séminaire « Éthiques & mythes de la création » analyse les moments où le textile a été, par le passé ou aujourd’hui, le lieu d’une expression spirituelle partagée.  Par le tissage, l’assemblage ou la broderie, les dimensions historiques et symboliques d’un groupe participent des mémoires héritées qui continuent à interroger la créativité du temps présent.


Avec les contributions de Barbara d’ANTUONO (artiste, brodeuse), Anna CAIOZZO (historienne du monde médiéval, université d’Orléans) et Christelle MAÏMOUNA (thèse en cours en histoire culturelle, université de Maroua)

Anna CAIOZZO : Des mythes de création aux protocoles des cours orientales, mises en scène textiles

Dans cette conférence, Anna Caiozzo abordera les récits de la création symbolique des textiles ainsi que leur rôle subtil dans l’exercice du pouvoir en Orient. Elle ouvre de ce fait quelques pistes sur la soie et la culture de cour médiévale.

 CV succinct : Professeure d’Histoire médiévale à l’université d’Orléans, autrice de nombreuses publication spécialisées, l’historienne de l’art Anna Caiozzo étudie l’imaginaire de l’islam médiéval (Iran, Asie centrale)  au travers différentes expressions telles : les textiles orientaux, l’astrologie, les jardins et des magies associées. Elle codirige un séminaire de recherche à l’EHESS avec Frédéric Hitzel (CNRS).

 Barbara d’ANTUONO : À chacun son Totem…

Dans le monde occidental actuel, la religion officielle est en perte de vitesse. L’humain cherche d’autres Totems dans d’autres cultures, de nouvelles inspirations plus philosophiques, loin des dogmes traditionnels, dans une quête de spiritualité plus proche de la nature. Des gourous d’un genre nouveau ont fait leur apparition avec la promesse d’une réflexion spirituelle plus en adéquation avec le monde contemporain.

Je ne crois plus en Dieu ; ce qui me reste de la grande histoire judéo-chrétienne que l’on m’a enseignée c’est son iconographie, source d’inspiration inépuisable de mon travail ; Réminiscences de mon enfance, images fragmentées ou le magique et le sacré se mêlent inexorablement… »

 CV succinct : Artiste singulière attentive à l’expression textile et la broderie, Barbara d’Antuono est très inspirée par la culture haïtienne et les mythes chrétiens et vodous. Elle expose régulièrement son travail dans des Galeries d’Art en France et en Italie et elle a participé en 2022 du Festival des Arts Foreztiers.  Lors de cette conférence, elle apportera et commentera sa dernière œuvre, « A chacun son totem »…

Christelle MAÏMOUNA : Les usages des pagnes en Afrique Subsaharienne : le cas du Cameroun

L’un des objets qui permet d’identifier l’Afrique et laquelle elle s’identifie c’est le pagne. Le séminaire analyse la symbolique des pagnes en Afrique subsaharienne. Loin de couvrir uniquement le corps, le pagne est un inconditionnel pour de nombreux rituels notamment les rites d’initiation, la dot, les mariages, les rites funéraires. Autant d’usages qui s’étendent au de-là du culturel pour reconfigurer les pratiques politiques sur la base du pagne.

 CV Succinct : Christelle Maïmouna termine sa thèse à l’université de Maroua (Cameroun) sur les usages historiques et la symbolique des pagnes. Elle bénéficie, pour ce faire, d’une bourse de recherche de l’Agence de la Francophonie et, en mobilité en France, elle est accueillie pour trois mois au Centre d’Histoire Culturelle des Sociétés Contemporaines (Université de Paris Saclay).

 Le séminaire est gratuit et d’accès libre. Cependant, il est nécessaire de s’y inscrire par le mail sylvie.dallet@uvsq.fr

Jeudi 27 Février 2023, de 18 à 21 heures

« Le Centre du Monde », tableau de Suzy Tchang crée pour le Festival des Arts Foreztiers en 2015

Le 27 février, le séminaire explore le thème de FEMMES, VOYAGES & SPIRITUALITÉS

Cette séance présente les voyages féminins sous l’angle des spiritualités qu’ils suscitent ou qu’ils expriment.  Depuis une dizaine d’année, le tourisme international fait état d’un accroissement des voyageuses en solo, mais sans en détailler les motivations créatrices. Dans une perspective différente, l’exégèse littéraire s’attache à des parcours exceptionnels : Isabelle Eberhardt, Odette Keun,  Odette du Puigaudeau et, en première figure  Alexandra David Neel, liées aux rééditions de leurs récits. Les carnettistes forment également un vrai secteur de recherche, tant pour la qualité de leurs oeuvres peintes que par la diversité de leurs regards.

Au delà de ces exemples, le séminaire va aborder des expériences plus rares, juxtaposées dans une  rencontre plurielle : la mystique des esclaves noires d’Amérique du Nord (Cécile Coquet-Mokoko), les arts numériques et l’expérience chamanique (Agathe Simon) et la porte ouverte vers les “autres mondes”  que la création esthétique suscite (Suzy Tchang).

Cécile COQUET-MOKOKO : « : Témoigner pour échapper à l’esclavage : l’expérience mystique chez les femmes noires américaines au XIXe siècle .

Résumé : Le concept de « travel » aux États -Unis désigne les expériences de décorporation et/ou de clair-audience décrites par les pénitent.es en quête de renaissance spirituelle dans la tradition protestante issue des Grands Réveils (1750-1830), en tant que moyen d’émancipation et de prise de parole chez les femmes noires américaines qui ont laissé des témoignages écrits ou oraux tout au long du XIXe siècle.

CV : Ancienne élève de l’ENS Fontenay-St Cloud et agrégée d’anglais, Cécile Coquet-Mokoko est spécialiste en études africaines-américaines depuis son doctorat (1998 Université Paris Diderot), qui portait sur la poétique de l’appel-et-répons dans les sermons traditionnels et le concept d’élection dans les églises noires américaines. Elle a enseigné 2 ans à Aix-Marseille Université, 18 ans à l’Université de Tours et un an et demi à l’Université d’Alabama en 2009-2010, ce qui lui a permis d’effectuer un travail de terrain comparatif sur les représentations et perceptions de soi des couples noirs-blancs dans le Sud des États-Unis et en France. L’ouvrage issu de ces dix années d’études sociologiques est paru en anglais chez Routledge en 2020. Professeure à Paris Saclay depuis 2019, elle poursuit et encadre des recherches sur les relations raciales et les rapports de genre aux États-Unis entre les XIXe et XXIe siècles.

Agathe SIMON : Les arts numériques à la quête de l’invisible

 Résumé :  À l’occasion de mes résidences et voyages de recherche en Afrique centrale, en Amazonie et dans les régions polaires, j’explore certaines possibilités et limites des arts numériques pour donner à voir et entendre l’invisible.

CV : Agathe Simon est une artiste française, née en 1977. Après des doctorats de Sorbonne Université et du Conservatoire de Paris (CNSMDP), elle voyage durant une décennie à travers le monde pour des projets artistiques. De retour à Paris, elle devient en 2017 la directrice artistique de la compagnie de création Le Groupe. Diplômée de la Fémis, elle est responsable des ateliers de création filmique et de l’atelier de création documentaire à Sorbonne Université et enseigne également à l’École des Arts de la Sorbonne (Université Paris 1). Lauréate d’une Aide individuelle à la création (AIC 2022) de la DRAC Île-de-France, elle poursuit actuellement son Cycle chamanique et prépare deux films qu’elle réalisera en Argentine.

 Suzy TCHANG : Des « autres mondes » comme des boites

 Résumé : Je crée des boites depuis des années qui, par leur décors  toujours différents, m’ouvrent des portes vers des autres mondes, sans pour cela voyager physiquement.

 CV :  Formée à l’École Estienne, puis à l’École d’Arts plastiques et graphiques de Paris, Suzy Tchang est décoratrice de théâtre et de cinéma. Son oeuvre sur les mandalas a été exposé par l’Institut Charles Cros en 2009 et depuis 2010, elle poursuit une collaboration  régulière avec le Festival des Arts Foreztiers, dont notamment  l’œuvre peinte « Le centre du monde » (217cm/267cm) en 2016 et la série des boites végétales en 2022.

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Le Mardi 10 janvier de 18 à 21 heures, « Documenter la campagne »

 Adresse : 21 bis rue des écoles, Paris (partenariat Harmattan)

Le séminaire ÉTHIQUES & MYTHES de la CRÉATION, proposé par Sylvie DALLET est produit en partenariat entre le Centre d’Histoire Culturelle des Sociétés contemporaines – Université de Paris Saclay  & l’Institut Charles Cros (www.institut-charles-cros.eu). Il émane du programme de recherche interdisciplinaire international « Éthiques de la Création ».

Introduction : Les films documentaires sur l’évolution des campagnes sont des traces du passé paysan, mais plus encore, peuvent être des passerelles. Au delà de l’esthétique et de la pédagogie de la mémoire, parfois folklorique, ces films deviennent,  dans la transition éthique et écologique qui se dessine, des outils de développement et de réflexion des jeunes agriculteurs. Au travers des exemples, le séminaire présente deux collectifs de créateurs : La Compagnie Noutique et les Mutins du Pangée. L’ouvrage Dans nos campagnes décrit avec humour les expressions de la solidarité rurale (département de l’Aube).

Invités :  Nicolas FABAS (réalisateur), Yannick LEBTAHI (sociologue, université de Lille 3), Nadia KHOURY DAGHER (autrice, journaliste), Boris PERRIN (réalisateur)

Moutons en Himalaya (peinture Weixuan LI)

Yannick LEBTAHI : Documenter les territoires paysans

Résumé : Le film Où sont les moutons ?, auquel j’ai participé en tant que déléguée de la production, inscrit son ambition autour de multiples enjeux : enregistrer un patrimoine en mutation,  celui des paysans des Deux-Sèvres et, plus encore, faciliter la transmission de sa mémoire  grâce aux dispositifs de diffusion numérique. Cette mémoire doit permettre la réappropriation de cette expérience par les jeunes paysans en quête de pratiques alternatives.

Entre un monde qui s’efface et un autre qui se construit, le document  permet de comprendre les filiations  des cycles que certains voient comme des ruptures.

 CV Succinct : Autrice et documentariste, Yannick Lebtahi enseigne la sociologie à l’université de Lille 3 au titre de maîtresse de conférences Habilitée à diriger des recherches. Très impliquée dans la vie régionale, elle dirige également au niveau national la collection De Visu (aux éditions de l’Harmattan) et dirige la revue « Cahiers interdisciplinaires de la recherche en communication audiovisuelle ».

 Nicolas FABAS :  Mémoires  d’éleveurs dans les  Deux Sèvres (titre provisoire)

 CV succinct : metteur en scène et réalisateur, Nicolas Fabas dirige la Compagnie Noutique à Béthune depuis 2013. Après une formation en Études théâtrales et cinématographiques dans le Poitou, il découvre le Pas-de- Calais avec un Master à l’Université d’Artois, le Conservatoire à Arras, et un parcours diversifié bâti sur des rencontres avec des artistes ayant en commun la volonté de raconter l’autre et de faire entendre les invisibles.

Au sein de la Compagnie Noutique, il crée des projets sous la forme de spectacles participatifs, mais aussi d’installations sonores et photographiques, d’ateliers d’expression, de portraits vidéo et sonores. En 2020,  il réalise un documentaire (52 minutes), Où sont les moutons?  qui brosse le panorama d’ une communauté rurale  vieillissante qui voit disparaître le bocage comme son mode de vie… À la croisée du documentaire, du théâtre, de l’apéro festif, du son et des arts visuels, la compagnie Noutique porte haut l’expression des gens qu’on entend pas…

Nadia KOURY DAGHER : Dans nos campagnes, une solidarité complexe

CV Succinct : journaliste-reporter libano-égypto-française, spécialisée depuis plus de 25 ans sur le monde arabe et les musiques du monde. Anthropologue, elle est diplômée de l’ESSEC et docteur en économie du développement. Elle a écrit en 2022 un ouvrage « Dans nos campagnes », hommage vibrant à la solidarité et la créativité des campagnes françaises, à partir de la région de l’Aube. Salué par une presse unanime, le livre a rencontré à ce jour 50 000 lecteurs.

Boris PERRIN :  Paysannes et après, documenter les luttes de la campagne.

Producteur, éditeur, enseignant, est membre fondateur de Zalea TV, télévision libre nationale, des Mutins de Pangée, une coopérative audiovisuelle et cinématographique de production, d’édition et de distribution depuis 2005 et des Films des deux Rives, société méditerranéenne de distribution de films. Parmi les œuvres éditées par la coopérative interrogeant les enjeux et les problématiques du monde paysan : le coffret de Paysannes, une série documentaire (cinq épisodes de 52 minutes, coproduction INA /CNRS ), réalisée par  Gérard Guérin en 1979, Bernard ni Dieu, ni Chaussettes de Pascal Boucher et Les pieds sur Terre de Batiste Combret et Bertrand Hagenmüller.

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Le lundi 10 octobre de 18 à 21 heures : Néandertal au regard de la création

au 21 bis rue des écoles à Paris (partenariat Harmattan) sur inscription préalable (mail sylvie.dallet@uvsq.fr)

 À l’occasion de la publication de l’ouvrage du psychopédiatre Bertrand CHAPUIS  Mystère Néandertal à Bruniquel, le propre des femmes ou le pouvoir de la Mère (collection “Éthiques de la création”, édition Institut Charles Cros/Harmattan), le séminaire Éthiques  & mythes de la création organise une séance spéciale : Invités : Bertrand CHAPUIS,  Jacques JAUBERT, Erolf TOTORT

Introduction : Sylvie DALLET (autrice de la postface  “Caverne de Néander” du livre et directrice de la collection “Éthiques de la création” Institut Charles Cros/Harmattan)

 Bertrand CHAPUIS / exerce comme pédopsychiatre à Toulouse, après un long parcours qui débute comme chirurgien à l’hôpital de Saint-Louis au Sénégal où il découvre la puissance de la pensée animiste. Le passage par les neurosciences a été un préalable indispensable avant de se confronter ensuite, en tant que psychiatre d’adultes puis d’enfants, aux troubles psychologiques et comportementaux.

Résumé : Les réactions humaines face à la maladie et à la mort ont toujours interrogées l’auteur dans sa pratique médicale. Tout d’abord, son attention aux histoires humaines l’a conduit à remonter aux origines d’une double naissance. Pas seulement la naissance des corps par l’accouchement, mais aussi la naissance de la psyché par le développement du cerveau. 

Cet essai propose une relecture des périodes paléolithiques au travers l’exemple de la grotte de Bruniquel et des grands récits mythologiques  (Jocaste, Antigone), partant du constat que la conscience du pouvoir de procréation ne pouvait advenir que par le vécu corporel des êtres féminins. Il y a 176 000 ans, la grossesse a dû engendrer un sentiment de « pouvoir » étrange : celui de mettre au monde ou de pouvoir en mourir.

Jacques JAUBERT / archéologue français, professeur de préhistoire à l’université de Bordeaux I. Les travaux de Jacques Jaubert sont centrés sur les sociétés néandertaliennes en Europe du Sud-Ouest et en Asie. Il a été administrateur ou codirecteur de plusieurs projets archéologiques en France, dans le Quercy (Le Rescoundudou, Coudoulous, Espagnac) et en Saintonge (Chez-Pinaud à Jonzac avec Jean-Jacques Hublin), en Mongolie (Aimak de Hovd en Altaï mongol), en Iran (grottes de Mar Tarik et Qaleh Bozi avec Fereidoun Biglari) et en Arménie, Yémen, Chine.  Depuis 2009, il dirige un projet collectif de recherche pour l’étude de la grotte ornée et sépulcrale de Cussac (Dordogne) et, plus récemment, avec Sophie Verheyden a repris des travaux dans la grotte de Bruniquel (Tarn-et-Garonne ). Il a publié de nombreux articles scientifiques et livres, dont des ouvrages destinés au grand public sur les Néandertaliens en 1999, et avec Bruno Maureille en 2012.

Erolf TOTORT est une artiste /autrice dont les oeuvres entrent en relation avec l’imaginaire de la Préhistoire. Iconograffite, elle crée les mondes d’Ava, femme de Cro-magnon.  Elle initie aussi des parcours de rêve créatif dans une « gotte nomade » qu’elle décrit ainsi : « La grotte nous fascine. C’est « un espace temps » de nuit pendant le jour. La grotte matérialise cette nuit et nous permet de jouer avec elle. -La nuit d’avant notre conception. -La nuit quotidienne. -La nuit d’après notre mort. Personnage psychopompe, j’offre cet instant, aux visiteurs curieux,d’un retour aux sources. » Elle a en 2021  illustré l’ouvrage de Marylène Patou-Mathis Fille de Néanderthal, (éditions Les petites allées).

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Le lundi 26  septembre de 18 à 21 heures.  » Créer encore après  (et avec) la catastrophe”

Le séminaire   Éthiques & mythes de la création reprend son cours en présenciel et se déroule  à nouveau au 24 rue des écoles à Paris (partenariat Harmattan)

sur inscription préalable (mail : sylvie.dallet@uvsq.fr)

Une séance internationale  qui  relie l’éthique à l’esthétique, dans  la mesure où elle se nourrit des drames contemporains.

 Invités : Aurélie Barjonet (Centre d’Histoire Culturelle des Sociétés Contemporaines, Université de Paris Saclay), Yves Chemla (Université de Paris), Sabyl Ghoussoul (écrivain et journaliste), Élie Yazbek (Université Saint-Joseph de Beyrouth)

Introduction :  Pour point de départ, la catastrophe libanaise du 4 août 2020. La double explosion qui  a ravagé la moitié de la ville de Beyrouth,  a plongé la population libanaise en état de sidération : 300 000 personnes sont désormais sans abri et le pays sans ressources. Comment intégrer cette onde de choc, dans cette  expérience diffuse que l’on nomme la culture ?

Un premier séminaire  Éthiques et mythes de la création  a été organisé le 12 juin 2021 en coordination avec Élie Yazbek, professeur à l’Université Saint-Joseph de Beyrouth qui revient, invité par le CHCSC,  pour une seconde séance de dialogue.

 Ce mois de septembre 2022,  ouvre  en effet, dans ce chaos  contemporain où la guerre rôde, une nouvelle possibilité d’entendre les faits,  attentive à l’urgence de témoigner et porteuse d’une résistance littéraire et artistique qui  exprime, au-delà des larmes et de la colère, des expressions vitales et spirituelles salutaires.

Notre regard, toujours attentif à la créativité s’enrichit de nouvelles approches, celles de Sabyl Ghoussoub pour le Liban, mais aussi d’Yves Chemla pour Haïti et d’Aurélie Barjonet pour la seconde génération des écrivains de la Shoah.

Intervenants :

 Aurélie BARJONET  « Réparer le passé par la littérature et se faire le témoin du témoin du passé  ? »
CV : maîtresse de conférences  HDR en Littérature comparée  (spécialiste de Zola) à l’Université de Versailles, Saint-Quentin-en-Yvelines, est directrice adjointe du Centre d’Histoire Culturelle des Sociétés Contemporaines (CHCSC) . Dernier ouvrage paru : L’Ère des non-témoins. La littérature des “petits-enfants de la Shoah”, Kimé, Coll. Détours littéraires, 2022.

Yves CHEMLA /  critique littéraire et enseignant, Université de Paris-Cité (IUT Rives de Seine) spécialiste de la littérature et du roman haïtien. Il est intervenu dans différentes universités (Université Saint-Joseph de Beyrouth, École normale supérieure d’Haïti, Université d’État d’Haïti, Faculté des études romanes de Varsovie, Université Jagellon de Cracovie). Dernier ouvrage paru : En cheminant avec Louis-Philippe Dalembert, Port-au-Prince, C3 éditions, 2022

Sylvie DALLET, autrice, professeure des universités (Arts), responsable du programme international interdisciplinaire “Éthiques de la création”, fondatrice du Festival des Arts foreztiers, peintre.

Sabyl GHOUSSOUB , Né à Paris en 1988, dans une famille libanaise, Sabyl Ghoussoub est un écrivain, journaliste, photographe et commissaire d’exposition. Il tient la chronique littéraire « Quoi qu’on en lise » dans le quotidien francophone libanais L’Orient-Le Jour et écrit pour de nombreux médias (Konbini Arts, Blind Magazine, Libération, Remue…).  Son dernier roman, Beyrouth sur Seine  (Stock) vient d’être sélectionné parmi les nominés du Prix Goncourt. 

Élie YAZBEK : homme de théâtre et de cinéma, professeur des  universités et directeur de l’École doctorale  “Sciences de l’homme et de la société”de l’université Saint Joseph de Beyrouth. Il a publié de nombreux ouvrages  (dont Science-fiction et religion et Regards sur le cinéma libanais (1990-2010) et il est également secrétaire général de la Fondation Liban-Cinéma, dont la mission est le soutien à la production et à la diffusion du cinéma libanais.

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L’été a regroupé les interventions du séminaire Éthiques & mythes de la création lors du Festival des Arts Foreztiers, du 22 au 25 juillet 2022.

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Séminaire : ÉTHIQUES & MYTHES de la CRÉATION

Mercredi 4 mai à 18 heures (de 18 à 20 heures) « L’imaginaire colonial dans le cinéma éducateur : ressources, stratégies et impacts contemporain »

Lieu : Librairie l’Harmattan, 21 bis rue des Écoles , 75005 Paris

Mail d’inscription : sylvie.dallet@uvsq.fr

Introduction : à l’occasion des la réflexion anniversaire sur l’indépendance algérienne, le séminaire EMC proposé par Sylvie DALLET aborde un pan méconnu de l’histoire coloniale issu de la démarche dite de « cinéma éducateur », une initiative développée en France (métropole et colonies) depuis les années 1920. Les archives de ce cinéma sont nombreuses et nécessite désormais de multiples lectures. Cette séance abordera les dernières recherches portant sur ce cinéma éducateur, qui a irrigué les espaces du Maghreb et de l’Afrique noire.
Avec la participation de Pascal Laborderie (Maitre de conférences) et Mathilde Rouxel (chercheuse) sur une proposition de Frédéric Rolland (Cinémathèque centrale de l’enseignement public).

Références : Le Livre noir du colonialisme sous la direction de Marc Ferro (article de Sylvie Dallet « Filmer les colonies, filtrer le colonialisme », Fayard, 2002)

Pascal LABORDERIE : « Cinéma éducateur et colonialisme « 

Résumé : Durant l’entre-deux-guerres, en France, l’impérialisme et le colonialisme ont irrigué les films d’enseignement, d’éducation et de propagande du cinéma scolaire et éducateur. Pascal Laborderie questionne la manière dont on peut regarder ces films aujourd’hui. Si dans leur contexte de production et de diffusion, ils apparaissent consensuels, certains historiens les considèrent annonciateurs du Front populaire, tandis que d’autres les jugent pré-vichystes.

CV Succinct : maître de conférences habilité à diriger des recherches en sciences de l’information et de la communication à l’université de Reims Champagne-Ardenne (CEREP). Il a publié récemment Éducation populaire, laïcité et cinéma. Une médiation culturelle en mouvement (L’Harmattan, 2021) et codirigé Images et réceptions croisées être l’Algérie et la France (avec H. EL Bachir, ESBC, 2020, accès : https://scienceetbiencommun.pressbooks.pub/imagescroisees/).

Frédéric ROLLAND : « A la recherche du colonisé dans les films du Service Technique de l’Aviation Civile.

Résumé : Les films de l’aviation civile constituent une archive technique et pédagogique inédite. Nous pouvons émettre l’hypothèse qu’ils peuvent constituer une approche sociétale de la relation entre les colons et les colonisés.

CV Succinct : Docteur en cinéma, ciné-archiviste, Frédéric Rolland est actuellement responsable de la Cinémathèque Centrale de l’Enseignement Public de la Direction des Bibliothèques Universitaires de la Sorbonne Nouvelle. En parallèle, il développe au travers de l’association L’Atelier du 7ème Art qu’il a fondée dans la Nièvre une approche pédagogique des collections qu’il rassemble.

Mathilde ROUXEL : Images de l’Afrique coloniale pour les écoles de la République 
Résumé : L’Afrique a été dans la première moitié du XXe siècle un objet de curiosité pour les documentaristes équipés de caméras et parcourant le monde pour en produire des images pour le public européen. Réalisés à des fins éducatives, les films conservés dans les fonds de la Cinémathèque centrale de l’enseignement public témoignent d’un rapport curieux à l’autre colonisé, entre observation ethnographique et racisme structurel. Une présentation large du fonds de la CCEP permettra de mettre en lumière l’évolution des représentations et les différents enjeux culturels et pédagogiques en question dans ces collections de films destinés à l’école laïque et républicaine. 
CV succinct : docteure en études cinématographiques et chercheuse en résidence CollEx-Persée à la Cinémathèque centrale de l’enseignement public de la Direction des Bibliothèques universitaires de la Sorbonne nouvelle. Son projet de recherche, intitulé ‘Kinopedia’, s’intéresse aux images réalisées dans l’ancien espace colonial français et sa circulation dans le contexte scolaire. 

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Séminaire : ÉTHIQUES & MYTHES de la CRÉATION

Vendredi 18 mars 2022 à 18 heures (de 18 à 20 heures)

Lieu : Librairie l’Harmattan, 21 bis rue des Écoles , 75005 Paris

Mail d’inscription : sylvie.dallet@uvsq.fr

Le séminaire ÉTHIQUES & MYTHES de la CRÉATION, proposé par Sylvie DALLET est produit en partenariat entre le Centre d’Histoire Culturelle des Sociétés contemporaines-Université de Paris Saclay  & l’Institut Charles Cros , avec le soutien de l’Harmattan. Il émane du programme de recherche interdisciplinaire international « Éthiques de la Création ».

Titre  de la séance : “Enseigner en temps de pandémie

 Résumé : Le séminaire Éthiques & mythes de la création reprend son cours en présenciel autour d’une technique qui a révolutionné l’enseignement : la visioconférence.

Ce séminaire  s’articule autour de la publication de l’ouvrage collectif “Zoom  sur la fac” dirigé par Yannick Lebtahi et préfacé par Edgar Morin. Ce livre édité en juillet 2021 faisait le point sur les premiers usages du distanciel, dans une approche plurielle et parfois polémique.

 Le séminaire va poursuivre le dialogue entre les auteurs et les autrices de l’ouvrage, dans le contexte (créatif et dramatique) qui a évolué depuis six mois. Une signature est prévue en fin de séminaire vers 20 heures.

Invités : Yannick LEBTAHI (Université de Lille), Diane WATTEAU (Université de Paris I), Céline MOUNIER (Université Gustave Eiffel/Institut Charles Cros), Céline FERGOUX (chargée de mission projet Respadon), Pierre BEYLOT (Université de Bordeaux), Céline MOUNIER (Université Gustave Eiffel/Institut Charles Cros), Bruno CAILLER (Université de Nice) …

Introduction : Sylvie DALLET

Naguère le paysan marchait courbé sur sa charrue, dans le travail alterné des labours et de ses semailles. Aujourd’hui, ayant déserté la glèbe, mais non la solitude, les responsables du XXIe siècle s’attèlent quotidiennement à leurs écrans, labourant avec constance les esprits afin que les moissons de l’intelligence soient belles. Si la visioconférence a réifié depuis deux ans la relation au savoir, la guerre qui éclate à l’Est, désormais,  la fragilise. L’enseignement à distance  est une forme d’incomplétude qui, dans sa démesure, a donné à comprendre notre besoin de présence autant que de dialogue. La fin de la pandémie fait retrouver les corps, les gestes, les postures alors que les usages ont été profondément bouleversés. La création artistique  et le soin de l’autre peuvent en sortir renforcés.

Année 2021

Pour toute question complémentaire (et envoi de lien zoom après inscription), écrire par le courriel : sylvie.dallet@uvsq.fr  ou institutcharlescros@orange.fr

L’actualité me presse de recommencer, dans le contexte de la cancel culture…. le séminaire « Éthiques et mythes de la création « , laissé en suspens en ce début d’année …

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Prochaines séances en visioconférence Zoom :

Le samedi 27 novembre de 10 heures à midi 30 ( pour recevoir le lien Zoom, inscription par mail obligatoire sur le mail sylvie.dallet@uvsq.fr ou institutcharlescros@orange.fr)

Séminaire de recherche sous la responsabilité de Sylvie Dallet (professeure des universités, fondatrice du programme “Éthiques de la création”). Le séminaire EMC explore en navigation libre des sujets d’actualité qui mobilisent les espaces conjoints de l‘éthique et de la créativité.

Ce séminaire est labellisé par le Centre d’Histoire Culturelle des Sociétés Contemporaines (Université de Paris Saclay) et l’Institut Charles Cros, dans le cadre du programme de recherche interdisciplinaire international “Éthiques de la création”.

Thème de la séance du 27 novembre Créer encore : comment anticiper des mondes ?

Comment imaginer les mondes à venir et participer de leur construction collective ? C’est autour de ces questions d’actualité que s’est organisé en octobre 2021 à la Cité des Sciences de la Villette, le premier épisode de la saga événementielle “Des mondes anticipés” dont la conception mobilise différentes expressions contemporaines (récits de science fiction, BD, vidéo, tables-rondes, films…).

Pour initier cette manifestation nationale, en fidéliser les participants et créer des synergies nouvelles sur d’autres villes, les invités choisis par les prospectivistes fondateurs du projet,  Christian Gatard & Olivier Parent ont braqué les projecteurs sur le thème “Il faut sauver le vaisseau Terre”. Cette séance du séminaire “Éthiques & mythes de la création” revient sur cette expérience collective … en exploration rétrospective.
 Avec les invités : Manuela de Barros, Christian Gatard, Olivier Parent

Sylvie Dallet :  La covid, une chance pour la création prospective

Introduction : L’expérience de la pandémie a permis une expérimentation in vivo de nos avenirs et, plus encore, un renouvellement de la pensée liée à la vie de notre planète. Le lancement de ce Festival, nouveau Star Trek itinérant des territoires, correspond-il au nécessaire fleurissement de l’avenir ? Dans le mot avenir, est caché le mot de vie…

CV succinct : Sylvie Dallet, historienne et philosophe, professeure des universités en Arts (Université Gustave Eiffel),  directrice de recherches au Centre d’Histoire Culturelle des Sociétés Contemporaines (Université de Paris Saclay) a fondé l’Institut Charles Cros  (http://www.institut-charles-cros.eu) en 2001 et le Festival des Arts Foreztiers en 2010.

Christian GATARD :  Anticiper des mondes, panser nos futurs ?

Résumé : Conçu avec Olivier Parent, le Festival des Mondes Anticipés est le premier festival nomade de prospective et d’anticipation en France. L’idée de cette conjugaison plurielle, qui navigue entre les mythes et les expérimentations sociales et scientifiques doit nous permettre de penser nos futurs d’une façon collaborative, convoquant différents regards, différentes expertises, embarquant (avec prudence) la sagesse des foules sans se faire peur, ni être naïf. Ce Festival va aborder différents thèmes sur des narrations croisées, dans un dialogue constant avec les publics de rencontre.

CV succinct : Directeur d’études prospectives et qualitatives et consultant international. Entrepreneur culturel, il est spécialiste en sociologie du futur, mythologies contemporaines et en dynamique de la créativité. Il est l’auteur de Nos 20 Prochaines Années, Le futur décrypté  (2009) et de Mythologies du futur (2014) aux éditions de L’Archipel, Rupture, dis rupture  (2014) et Chroniques de l’intimité connectée aux éditions Kawa (2016, ouvrage collectif), de l’Horrificque Disputatio aux Éditions du Comptoir Prospectiviste (2021). Directeur de la collection Géographie du Futur chez L’Archipel et co-éditeur de FuturHebdo, Christian Gatard est également fondateur et animateur de l’Institut d’études qualitatives internationales et recherches prospectives Christian Gatard & Co. Son approche de la prospective se situe au carrefour du sociologique, de l’économique et du légendaire.

Olivier PARENT, Anticiper des mondes, penser nos futurs ?

Résumé : Le Festival se donne pour mission de développer chez ses visiteurs une culture de l’anticipation au service de la construction d’avenirs désirés et souhaitables pour les générations à venir. Issu pour ma part d’une perspective technologique liée à la science-fiction, le Festival, lancé à la Cité des Sciences de la Villette à Paris va rencontrer durant l’année 2022 d’autres publics en province, dans une expérimentation spatiale saisonnière qui débute sur le thème « Il faut sauver le vaisseau Terre ? » Notre vaisseau collectif se déplacera ensuite sur Marseille, la Région Rhône Alpes et sur l’ensemble des territoires qui souhaitent dialoguer  (et inventer) avec nous sur ces thèmes.

CV succinct : Directeur d’études prospectives issu d’une double culture artistique et scientifique, Olivier Parent fonde, en 2006, FuturHebdo.com, le magazine de nos futurs immédiats. Les articles publiés sur ce site (plus de 400) racontent le monde tel qu’il pourrait être d’ici quelques décennies. En 2015, il crée le Comptoir Prospectiviste, bureau d’études en Prospective stratégique, Sociologie du futur et des nouveaux usages, Création de contenus dédiés en prospective. Olivier est auditeur de l’IHEST et  membre de divers think tanks (CNES, Dassault Systèmes). Il participe à diverses publications : Chroniques de l’intimité connectée, l’Horrificque Disputatio, Huffington Post, The Conversation, INfluencia… Conférencier, il donne aussi des cours de prospective (EISTI, ESCE, CNAM…).  Chacune de ces démarches concrétisent sa conviction que l’avenir reste en perpétuel devenir.

Manuela de BARROS : Quel rôle pour l’art dans le contexte des mutations actuelles ?

Résumé : Dans sa conférence de 1953 sur la Question de la technique, Heidegger rappelle que’essence de la technologie n’est rien de technologique : elle réside plutôt dans l’immatériel, les influences noétiques qui rendent le monde possible et malléable ». Rappelons qu’Heidegger considère que, loin de faire de l’humain le maître de la planète, la technique a été le dernier épisode de sa dépossession métaphysique et ontologique. Il ne faut pas confondre l’instrument technique, son essence et son champ d’effet. La nature passive de la technologie lui enlève toute neutralité : elle sera ce que son créateur, puis son utilisateur en fera. La position des artistes qui utilisent des technologies contemporaines, outils venus de sphères qui ne sont pas les leurs, est particulièrement délicate. Il leur revient de recomposer un avenir dont les contours sont finalement peut-être beaucoup plus flous qu’on ne le pense et de nous rappeler que nous en sommes partie prenante et active. Je mettrais en perspective quelques propositions artistiques qui se confrontent à des questions aussi cruciales que la crise alimentaire et la conscience animale, les biosciences et la transformation du vivant, la transition énergétique et l’écoresponsabilité, le changement climatique et la géo-ingénierie.

CV succinct : Philosophe et théoricienne des arts. Maîtresse de conférences à l’université Paris 8, essayiste, conférencière (dont lors des Mondes Anticipés). Ses travaux portent sur les rapports entre les arts, les sciences et les technologies ; les modifications biologiques, anthropologiques et environnementales liées aux technosciences, notamment celles envisagées par les artistes ; les passages entre les sciences et la construction fictionnelle (en art ou en littérature).  Elle est l’autrice, notamment, de Magie et technologie (2015)

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Le samedi 12 juin de 10 heures à midi heures 30 (inscription par mail obligatoire)

Une séance internationale exceptionnelle en coordination avec Élie YAZBEK, réalisateur et homme de théâtre, professeur à l’Université Saint-Joseph et des artistes et intellectuels libanais : Mike AYVAZIAN (dramaturge, art-thérapeute), Sirine FATTOUH (historienne de l’art et artiste) Ghada SAYEGH (philosophe de l’art)

Introduction :  La double explosion qui ravage la moitié de la ville de Beyrouth le 4 août 2020, fait plus de 200 morts et quelque 6 500 blessés. La population libanaise est en état de sidération : le port de la capitale représente une ressource vitale, alimentaire et financière, tandis que 300 000 personnes sont désormais sans abri. Cette catastrophe intervient, par ailleurs, dans une période de crise politique qui révèle la déliquescence du pouvoir et un corruption profonde, aggravées par la pandémie.  Un an plus tard, les artistes témoignent et interprètent ce drame, soulignant, pour certains, l’impossible représentation des terribles conséquences de l’explosion.

 Sylvie DALLET : Introduction :Ville en feu, démocratie en ruines, le témoignage de Lamia Ziadé

Sylvie Dallet, professeure des universités, pilote le programme international interdisciplinaire Éthiques de la création et, dans ce cadre, a co-organisé avec Élie Yazbek en 2012 le colloque international « Savoirs de frontières (Image, écriture, oralité), dont les actes ont été publiés dans la collection « Éthiques de la création » (Institut Charles Cros/Harmattan). Elle a enseigné à l’Université Saint-Joseph de Beyrouth en cinéma et créé l’affiche du colloque de 2012.

Élie YAZBEK  : Introduction : La sidération par les images du blast

Résume: La série de court-métrages « Beirut 6 :07 », consacrée à l’explosion du port de Beyrouth, et sortie deux mois après le drame sur les chaines de télévision, a provoqué une grande polémique : la fiction peut-elle représenter cette catastrophe qui est considérée comme l’évènement non atomique le plus destructeur de la planète? « Nous avons la responsabilité de garder vivante la mémoire », dira l’un des réalisateurs. « Trop tôt, irrespectueux », répondra une internaute. Cette polémique met en évidence des questionnements sur le sens et la responsabilité dans la représentation d’un drame humain : entre la fiction et le documentaire, entre le témoignage (l’image mémoire) et le spectacle (l’image transmission), quel rôle ont les artistes ? Peut on tout dire et tout montrer, sans limite ?  

CV court :  Elie Yazbek a publié plusieurs ouvrages sur le cinéma dont Science fiction and religion (dir), Le super-héros à l’écran (dir), Regards sur le cinéma libanais (1990-2010) et Idéologie et montage dans le cinéma américain contemporain…, ainsi que 2 ouvrages en collaboration avec Sylvie Dallet. Il a publié également des pièces de théâtre, Orage d’été et Les autres enfants de Dieu. Il a réalisé plusieurs documentaires et court-métrages. 

Il est actuellement le directeur de l’École doctorale science de l’homme et de la société (EDSHS) à l’Université Saint-Joseph de Beyrouth, après avoir dirigé l’Institut d’études scéniques, audiovisuelles et cinématographiques (IESAV) entre 2011 et 2020, où il enseigne.Il est le secrétaire général de la Fondation Liban-Cinéma, dont la mission est le soutien à la production et à la diffusion du cinéma libanais.

Ghada SAYEGH  La possibilité d’une image

CV court :   Ghada Sayegh est docteure en études cinématographiques de l’Université Paris-Ouest-Nanterre-La Défense, et maître de conférences à l’IESAV, Université Saint-Joseph de Beyrouth. Ses recherches portent sur la création artistique face à histoire, dans le cinéma et l’art contemporain au Liban. Elle a publié entre autres : Sur quelques concepts toufiquiens… Essai libre sur « Le retrait de la tradition suite au désastre démesuré, (L’Art Même) ; « Image(s) manquante(s), entre-deux »in Sur la photographie au Liban – Récits et essais, (Ed. KAPH) ; « La possibilité d’une image, trou(s) noir(s) », (Hors Champ). Elle a récemment entamé un recueil de fragments poétiques, La fin du monde a déjà eu lieu.

Résumé : Au Liban, la création artistique n’a de cesse d’être mise au défi face à la catastrophe qui n’en finit pas de survenir. Notre hypothèse est que la violence de l’événement implique une rupture de l’espace-temps, du langage, censé en rendre compte, et de l’image, censée le représenter. Quelles images seraient possibles face à la catastrophe passée et à venir.

Sirine FATTOUH : Le quotidien de la mémoire

CV court : Sirine Fattouh est une artiste, enseignante et chercheuse née en 1980 à Beyrouth, elle vit et travaille entre Beyrouth et Paris. Diplômée de l’École Nationale Supérieure d’Arts de Paris Cergy (ENSAPC), elle est titulaire d’un doctorat de l’université Paris 1 en Arts plastiques et Sciences de l’Art.Sirine Fattouh s’intéresse à la petite histoire, elle interroge son passé et son présent dans leurs rapports à la mémoire et à ses failles. Dans ses œuvres elle explore la relation complexe qu’elle entretient avec son pays d’origine et les conséquences des conflits et des guerres sur la vie quotidienne des gens. 

 Résumé:Depuis mon retour à Beyrouth en 2016, j’ai été confronté à plusieurs défis, l’un d’eux consiste à créer dans un pays dont le quotidien est constamment ébranlé par la situation sociopolitique. Durant ce séminaire, je présenterai mon projet d’installation vidéo Shield (en cours de réalisation) dans lequel une caméra embarquée filme mon quotidien depuis deux ans à partir de la vitre de ma voiture. 

Mike AYVAZIAN :  Il est encore trop tôt pour représenter le malheur   

CV court :CV court :  Dramaturge et acteur, Mike Ayvazian organise des ateliers thérapeutiques par le théâtre et les arts expressifs depuis 2010 . Pour ce faire, il a co-fondé l’ONG « “Astharté – Association de Thérapie par les Arts Expressifs”. Cette organisation travaille auprès des personnes  et des groupes vulnérables au travers  des différents dispositifs  du psychodrame, de la danse-thérapie, de la musicothérapie, de l’art-thérapie et des arts expressifs. Elle fournit aussi des formations et des coaching pour les universitaires et professionnels désirant intégrer les arts thérapeutiques dans leur pratiques. 

Résumé : Peut-on vraiment exprimer cette catastrophe artistiquement de sitôt ? la plupart des front-liners avec qui je travaille préfèrent aller vers des expressions ludiques ; durant des sessions de self-care/creative-support, ils ne veulent que s’amuser, et rester à la surface des choses… ce n’est qu’après un rétablissement d’un semblant d’équilibre qu’ils sont capables de parler de choses sérieuses, mais rarement de l’explosion… fatigue ? accablement ? fuite ? Sont-ils les seuls ? Paradoxalement, leur rendement créatif est de loin plus intéressant en groupe… pourquoi ?

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samedi 17 AVRIL 2021, de 10 heures à 12 heures 30

« DANSER encore : expériences et formes nouvelles en temps de pandémie« 

Avec les conférences de Frédéric COSTALLAT (danseur, chorégraphe), Christine HALLO (dessinatrice et exploratrice du mouvement) Christine ROQUET (maitresse de conférences, Université de Paris 8) et Louise SOULIÉ (danseuse, chorégraphe). Introduction de Sylvie DALLET.

Depuis une année, le mouvement des personnes s’est rétréci à des parcours contrôlés. Comment les danseurs, les danseuses et les chorégraphes ont ils continué à s’exprimer dans cette tension des corps et des trajets ?

La pandémie a pourtant donné naissance à des formes créatives nouvelles, dont certaines, conçues en urgence, sont des réponses au désespoir. Cette nouvelle séance du séminaire Éthiques & mythes de la création est à l’écoute des témoignages et des réflexions de Frédéric Costallat, Christine Hallo, Christine Roquet et Louise Soulié.

Introduction Sylvie Dallet

Ce séminaire gratuit et en accès libre se déroule en visioconférence samedi 17 avril de 10 heures à 12 heures 30. Cependant, pour recevoir le lien zoom, il faut s’inscrire (deux jours auparavant) sur le mail sylvie.dallet@uvsq.fr (ou institutcharlescros@orange.fr) Conférences du 17 avril 2021 (par ordre d’intervention) : Sylvie DALLET

(Introduction ): Danser toujours Frédéric COSTALLAT : Danses en archipel

CV : Frédéric Costallat est danseur et chorégraphe. Il a fondé en 2010 la Compagnie Black Bakara qui rassemble autour de ses créations (Port d’Attache, Exilé..), des danseurs professionnels, des amateurs et des stages de formation.

Résumé : La compagnie Black Bakara, basée à Saint Dizier a dû s’adapter aux contraintes officielles et, plus encore, aux entraves liées à la peur de la contagion. Les ressorts narratifs des chorégraphies ont été repensés dans l’urgence, sur des résidences de création éloignées telle à Mayotte avec le soutien du Rectorat. La danse convoque des espaces différents de la répétition au spectacle. Elle permet aussi de transformer et de transmettre des récits où les corps explorent des histoires et des formes inédites.

Christine HALLO : « Le mouvement de la vie »

CV : Illustratrice publicitaire diplômée de l’école Estienne et carnettiste, formée par une longue pratique du taichi chuan, Christine Hallo a peint et dessiné en parallèle de sa carrière, les mouvements de la vie : acrobates, arbres, danseurs, vagues…

Résumé : Stoppée net par le confinement dans ses projets de dessins en live, Christine Hallo a développé les ressources de la danse et l’expérience d’une grande calligraphie dessinée sur le thème des pins.

Christine ROQUET & Louise SOULIÉ : « Danser encore, pourquoi ? »

CV Christine Roquet : Christine Roquet est maîtresse de conférences au Département Danse de l’université Paris 8 Vincennes-St. Denis. Elle se consacre à l’enseignement et à la recherche en danse depuis le vaste domaine de « l’analyse du mouvement ». L’exploration du champ complexe de l’interaction constitue son domaine de recherche privilégié. Elle vient de publier Vu du geste. Interpréter le mouvement dansé, au Centre National de la Danse (2019).

CV Louise Soulié : Louise Soulié-Dubol est danseuse, chorégraphe et étudiante en master 2 au Département Danse de l’Université de Paris 8 Vincennes-St.Denis. Elle crée la Compagnie l’Êttre-Louve en 2010, qui développe à la fois des pièces chorégraphiques, des performances transdisciplinaires, des vidéos-danses mais aussi une activité pédagogique. Elle est interprète dans la Compagnie Auguste-Bienvenue pour la pièce Crépuscule, création 2020.

Résumé : Nous on veut continuer à danser encore… Ainsi commence la chanson récente de HK à l’origine de nombreuses flashmob qui tournent en boucle sur les réseaux sociaux. Jouée et bougée en public, avec une volonté évidente de secouer le joug de la crise sanitaire qui nous confine, empêchant le spectacle vivant de libérer nos âmes, refusant à nos corps sans contact le plaisir de bouger en musique, sur la scène ou au bal, dans les parcs ou dans les boîtes. Malheur à celui qui pense, malheur à celui qui danse… C’est pour secouer cet anathème mortifère que les cours du département « Danse » de l’université ont repris au second semestre, en petits groupes. C’est depuis le cœur de l’atelier d’analyse du mouvement et d’une expérience de rue partagée que Christine Roquet, enseignante-chercheuse et Louise Soulié, étudiante en Master Danse, tenteront de penser en corps la nécessité d’une danse sous la pandémie.

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Le 20 mars 2021

« BRISER LES STATUES, POURQUOI ? Démarches politiques et expressions esthétiques contemporaines »

Avec trois conférences de l’historienne Jacqueline LALOUETTE (« Les statues de la discorde ») et des artistes céramistes Nicole CRESTOU (« Sculptures et installations éphémères ») et Gilles FROMONTEIL ( » Bien au chaud, à l’ombre du sourire de Youri Gagarine »).

Introduction : Sylvie DALLET

Nicole CRESTOU : « Sculptures  et installations éphémères »

Résumé :  Les installations en terre crue sont, depuis mes premières expériences de 1983, composées d’éléments multiples mis en scène pour se détruire au cours de l’exposition. L’espace de démonstration dicte la scénographie, en intérieur comme en extérieur. Les représentations du corps entier ou en fragments, généralement féminin, répondent aux thèmes des expositions. La terre crue côtoie parfois la terre cuite. Mes sculptures figuratives du corps humain se détruisent naturellement au fil des expositions. 

CV succinct : Docteure en Arts et Sciences de l’Art, formée à l’Atelier Lerat école des Beaux-Arts de Bourges, Nicole Crestou est une céramiste française qui crée des installations figuratives attentives au corps, humains et non-humains et au végétal. Elle est active au sein de l’association céramique La Borne, un collectif de céramistes installé dans le Berry (Cher) autour d’un village déjà fameux au XIXémesiècle pour ses créations potières. 

 Gilles FROMONTEIL :  « Bien au chaud, à l’ombre du sourire de Youri Gagarine« 

Résumé : Enfant, assis devant la bibliothèque de mes parents, je regardais souvent les images de livres sur les révolutions. 1789, 1917 ces hommes, ces femmes juchés sur des automobiles le fusil armé d’une baïonnette, la Commune de Paris, les sourires de 1936 le poing levé, ou encore la Résistance que me racontait mon grand-père dans le Limousin. Naturellement depuis l’atelier Georges Jeanclos, à l’ENSBA de Paris, je me suis consacré à triturer autant la terre que ces épopées qui ponctuent l’histoire de l’humanité. 

J’ai plongé dans l’intimité de certaines figures qui deviennent signes : Napoléon, Mao-Tsé-Toung, Lénine, ou encore Georges Marchais, Trotsky, Rosa Luxembourg, Che Guevarra, Mandela… mais aussi les figures du libéralisme (Merkel, Thatcher, Reagan). 

Quand on travaille avec l’histoire, parfois c’est l’actualité qui bouscule. C’est ce qui est arrivé lors d’une exposition au Château d’Oiron en 2014, un mois après l’intervention de la Russie en Crimée. Il n’y eut pas de sculpture brisée, mais quasi déboulonnage, là où nous aurions dû être dans la référence à la proclamation du pavillon soviétique à l’Exposition universellede Paris en 1937… J’interviendrai lors de ce séminaire sur cette intervention politique d’État, qui déboula en plein travail de montage final de l’exposition.

CV Succinct : Gille Fromonteil est céramiste  (expositions en France, Allemagne, Bulgarie, Vietnam), formé àl’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris (atelier Georges Jeanclos) et titulaire d’une maîtrise d’arts plastiques Paris 1. Il a exercé les responsabilités de secrétaire général du Syndicat National des Artistes Plasticiens CGT de 1992 à 2001 et de président du Conseil d’administration de la Maison des Artistes (organisme collecteur Sécurité sociale branche arts plastiques et graphiques) de 2001 à 2011.

Jacqueline LALOUETTE : « Les statues de la discorde »

Professeure émérite en Histoire contemporaine, Jacqueline Lalouette poursuit des recherches sur la mémoire et les expressions de la démocratie. Elle a publié en 2018 Un peuple de statues  La célébration sculptée des grands hommes. France, 1801-2018, et en 2021, Les statues de la discorde, sur les bris récent des statues sur les territoires d’outre-mer.

Le 22 mai 2020 en effet, deux statues martiniquaises de Victor Schoelcher furent brisées. Mais le bruit provoqué par ces destructions fut vite couvert par le fracas médiatique suscité par la mort de l’Afro-Américain George Floyd tué à Minneapolis, par la police, le 25 mai. Les images de son agonie agirent comme un catalyseur et déchaînèrent dans le monde des actes iconoclastes contre les statues glorifiant de « grands hommes » blancs, dont l’action est condamnée à divers titres (esclavagisme, colonialisme, racisme). 

Ces conférences sont libres d’accès et gratuites mais, pour recevoir le lien pour la Visioconférence, il faut s’inscrire sur le site de l’Institut Charles Cros ou par  le mail suivant :

Institutcharlescros@orange.fr ou sylvie.dallet@uvsq.

 Malgré la pandémie, trois séances sont prévues à l’automne  2020 :

  • 3 octobre :  « Résistances culturelles à la pandémie (l’exemple du Festival des Arts Foreztiers) » avec les équipes des Arts Foreztiers de juillet 2020
  • 4 novembre reporté en vidéoconférence le samedi 21 novembre (de 10 heures à12 heures30) : Handicaps et scènes vivantes avec les invités Olivier Couder et Laurent Grisel
  • le samedi 19 décembre en vidéoconférence (de 10 heures à 12 heures 30) : Les personnages de fiction  nous aident-ils encore à vivre ? avec pour invités Lorenzo Soccavo (Livre et lecture), Jean-Claude Heudin ( intelligence artificielle et science fiction) et Céline Mounier (sociologue)                                                                            
  • Merci de demander le lien de la vidéoconférence Zoom à Sylvie.dallet@uvsq.fr, au moins la veille du séminaire…..

Programme détaillé des séances de l’automne 2020 :

samedi 19 décembre de 10 à 12 heures 30 (visio- conférence Zoom inscription sur le mail sylvie.dallet@uvsq.fr)

Les personnages de fiction nous aident ils encore à vivre ?

Sylvie DALLET :  Introduction : L‘écriture, cette substance magique “comme l’écrit Le Clézio fait vivre, au delà du plaisir de la lecture du moment, des personnages qui restent dans nos mémoires et nous inspirent des choix et des renoncements. Une culture commune nous permettait, il y a quelque vingt ans, de s’incarner dans les héros et les héroïnes des oeuvres du passé. La dissociation des générations  fait surgir des personnages  ou des situations plus éphèmères, dont le rôle intime s’inscrit tout autant dans nos choix de vies. Citons Damasio : “Les furtifs nous ont appris une chose: il n’y a pas de lendemains qui chantent. Il n’y a que des aujourd’hui qui bruissent. » .  Si l’émergence des personnages singuliers induit des dialogues personnels avec leurs lecteurs, est ce l’amorce d’une lecture prospective qui annonce des comportements nouveaux ?

Lorenzo SOCCAVO :   Les personnages de fictions comme médiateurs

Travaillant sur le sentiment de « traversée du miroir » chez les lectrices et les lecteurs de fictions littéraires et forgeant pour cela le concept de « Fictionaute », la part subjective de soi qu’une lectrice ou qu’un lecteur projette spontanément dans ses lectures, cette séance du séminaire Éthiques et Mythes de la Créationsera pour moi l’occasion de proposer une catégorisation de nos rapports aux personnages de fictions. Nous serons ainsi amenés à les considérer comme de possibles médiateurs entre monde sensoriel et mondes imaginaires. La comparaison entre personnes physiques et personnages fictionnels guidera notre essai de typologie aux confins de la fiction pour distinguer les apports respectifs dans la prise de conscience (et l’éventuelle autonomisation) de notre fictionaute, tant des personnes fictives, que des nouvelles formes de créatures numériques, jusqu’à l’émergence d’intelligences fictionnelles que j’avais abordée le 1ermai 2020 dans le cadre du séminaire Scénographies et Technologies S&T#3du psychanalyste Franck Ancel.

 Jen Claude HEUDIN : La musique créatrice de mondes imaginaires

 Les mondes imaginaires, en particulier de science-fiction, sont des lieux qui résultentd’une boucle étrange. Ils représentent des univers créés par leurs auteurs autant que par leurs personnages. C’est en effet au travers de leurs yeux et de leurs émotions que, dans un premier temps l’auteur, puis ensuite les lecteurs ou les spectateurs, « découvrent » ce monde. Dans les films, les séries, les jeux vidéos, la musique joue un rôle essentiel. Elle fait partie intégrante de la narration, du monde et de ses personnages, en participant à l’immersion sensorielle et émotionnelle.

CV : Jean-Claude Heudin est scientifique, écrivain et compositeur. Il est titulaire de l’Habilitation à Diriger des Recherches de l’Université Paris-Sud. Il est l’auteur de nombreux articles scientifiques au niveau international, ainsi que plusieurs ouvrages dans les domaines de l’Intelligence Artificielle (IA) et des sciences de la complexité aux éditions Odile Jacob, puis Science eBook dont il est le fondateur. Sa recherche actuelle se focalise sur l’IA émotionnelle et la musique électronique.

 Céline MOUNIER Les furtifs de Damasio

L’été 2019, j’ai lu Les furtifsd’Alain Damasio, un roman de science-fiction. J’ai été captivée par le personnage de Lorca, qui étudie les furtifs en anthropologue, protégé par un chef visionnaire et bienveillant à la fois. Pendant tout le roman, Lorca ouvre des voies de recherche, progresse lentement parfois, par accélérations à d’autres moments. Son regard reste critique sur la société des années 2040 avec ses « technococons » et autres « intechtes » qui façonnent un certain rapport à la consommation, aux loisirs et à l’autorité. Dans la société d’alors, chacun est replié sur soi et l’ordre économique gouverne l’ordre politique. En observateur engagé, Lorca est bientôt emporté par une énergie digne de la musique du Sacre du Printemps de Stravinsky. D’ailleurs, dans le roman, la place de la musique et des sons est essentielle, tout autant que la furtivité, l’animalité, la joie des corps qui se meuvent en liberté.

 Céline MOUNIER : Sociologue en entreprise, j’ai toujours considéré qu’il faut aimer les univers que l’on étudie. Mon maître en sociologie, Renaud Sainsaulieu, me disait un jour que les sociologues sont des gens en colère, en recherche d’une société meilleure, critiques de ce qu’elle ne fait pas assez pour libérer des énergies créatrices. Et aujourd’hui, je me sens bien dans des espaces où on danse, où on chante libres dans la ville, plantée des forêts urbaines, où la vivacité se déploie avec douceur et en couleurs. Le personnage de Lorca représente alors un idéal, je deviens envieuse de sa capacité à devenir furtif et c’est là que la fiction est forte. Depuis cette lecture, je photographie la ville différemment, je me sens prête à passer d’une vie cérébrale qui a longtemps été la mienne à un engagement sur un projet de permaculture, j’ai osé créer un spectacle au Festival des Arts foreZtiers !

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Samedi 3 octobre 

  • « Résistances culturelles à la pandémie (l’exemple du Festival des Arts Foreztiers) » séance de matinée de 10 heures à 13 heures.              
  • Deux axes pour cette matinée : Revenir sur une très belle expérience d’un Festival de plein air qui a réuni un public  enthousiaste autour d’une soixantaine d’artistes et conférenciers… et évoquer, en convergence, de nouvelles expériences telle celle de Tseh Knigi en Russie. 
  • introduction Sylvie DALLET (présidente Festival des Arts Foreztiers) :  « Comment faire essaimer cette expérience  ? Le Festival comme résistance culturelle de la biodiversité artistique  »                  Le Festival de création Les Arts Foreztiers a été initié par l’Institut Charles Cros en 2010 dont il reste partenaire. Il rassemble des artistes et des conférenciers (en 2020, thème de « la Forêt nourricière ») sur plusieurs jours dans un village de montagne où Lafayette passé son enfance (le « Pourquoi pas ? devise du général Lafayette, héros de trois révolutions).
  •  Au fil des ans, le Festival renouvelle ses approches mais a su également fidéliser une équipe d’artistes et d’intellectuels, passionnés par les potentialités forestières.                  (http://www.lesartsforeztiers.eu et le FaceBook les arts foreztiers).
  •  Témoignages des intervenants Arts Foreztiers : certains artistes seront présents (Virginie BOURSETTE, Albert DAVID, Bérengère d’ORSAY, Olga KATAEVA-ROCHFORD, Céline MOUNIER….)
  • Une présentation d’un collectif russe  TSEH KNIGI, un Atelier de livres d’artistes ( http://www.laforesta.co/visual-strolls ), par Sara MAGAMBETOVA, cofondatrice de ce collectif, peintre, scénariste et écrivaine, passionnée de céramique et de travail du bois. La galerie web des deux artistes fondatrices, correspond à une réflexion collective sur les forêts  

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Mercredi 4 NOVEMBRE  

  •   Thème de la séance :  Handicaps et spectacles vivants  de 14 à 17 heures                                                                  
  • avec les comédiens, poètes et metteurs en scène Olivier Couder,  Gérard Lefort et Laurent Grisel
  •  Introduction par Sylvie DALLET :  Handicaps créateurs.                    

Introduction : Le programme de recherche de l’Institut Charles Cros,  Éthiques de la création,  comporte depuis son origine un volet fondateur dit « Handicaps créateurs ». Cette démarche  a donné lieu à des colloques et des dialogues qui perdurent depuis plusieurs années.

  • Olivier COUDER : Présence du handicap dans le spectacle vivant :

Résumé : « Ce livre est celui d’un amateur. Il faut entendre par là que celui qui l’écrit est un amoureux du théâtre. Sur ma route de comédien puis de metteur en scène, le handicap s’est imposé presque malgré moi, sans que cela soit un projet construit ou un choix de carrière. Le Théâtre du Cristal que j’ai fondé en 1989 s’est alors ouvert à un hors champ de l’art tout aussi passionnant aujourd’hui et dont j’observe les effets insoupçonnés sur les plans esthétiques, sociologiques et politiques. » Un livre de référence sur l’épanouissement actuel des formes artistiques qui conjuguent le spectacle vivant et le handicap.

CV : Psychologue puis comédien et metteur en scène, Olivier Couder a fondé le Théâtre du Cristal en 1989.Depuis cette date, il met en scène les spectacles de la compagnie représentés en France et en Europe avec des comédiens dont bon nombre sont en situation de handicap. Il fonde également en 2010 un Pôle art et handicap soutenu par le département du Val d’Oise, la région Ile de France et le D.R.A.C. Il travaille actuellement à l’émergence d’un réseau francilien d’accessibilité culturelle et à la création d’une agence artistique afin de faciliter l’emploi des comédiens en situation de handicap dans les films, à la télévision et dans des projets de théâtre. Il a écrit plusieurs articles pour les revues « Théâtre Public », « Revue du champ Social », « le Français aujourd’hui » et collaboré à  l’ouvrage collectif « Des théâtres de l’Autres » (éditions Acoria). Son premier ouvrage «Présence du handicap dans le spectacle vivant » est publié en 2020.

  • Gérard LEFORT: Vivre et interpréter

Résumé : un parcours engagé contre l’exclusion de la « normalité »…

CV :  Naguère judoka, joueur d’échecs, passionné de moto, je découvre au début des années 80, le mime et le théâtre. L’accident qui m’a rendu paraplégique, fut l’occasion, pour moi, d’avancer dans une vie associative et expressive nouvelle, tel le one man show. Comédien, conférencier, j’exerce différents responsabilités qui : président de la Fédération Internationale des Droits de la Personne Handicapée, une association basée au Canada,  j’ai fondé le Groupement des Acteurs de Guadeloupe suite à une suggestion de Jean-Michel Ribes, j’apporte mon soutien à différentes associations et structures qui réfléchissent à la place des handicapés dans notre société de spectacle.

  • Laurent GRISELPoésies sourdes : une expérience de la scène :                                    

Résumé : En langue des signes, l’expérience de poésie conduit nécessairement à une expérience de la scène.  En France, les premières traces datent des années 1830-1840, les menus des banquets annuels de sourds transcrivent des poèmes signés. Dans les années 1900-1910, émerge une poésie féministe sourde. Mais, entre 1920 et 1975, c’est le Déni sourd : la culture sourde et son expression propre, la langue des signes, est déniée par les organisations de sourds elles-mêmes. L’IVT (International Visual Théâtre) est fondé en 1977 grâce à une coopération franco-étatsunienne, En 1978 est jouée la première pièce théâtrale, entièrement en silence, par douze comédiens sourds. Depuis 2010, l’association Arts Résonances, programme et anime une scène de poésies en langue des signes au festival international de poésie Voix Vives de Sète : poètes sourds, poètes entendants, traduits et existants, à l’instant même de leur performance, d’une langue dans l’autre. Les sourds ont pris appui sur leur perception corporelle des rythmes et des vibrations musicales et l’on transposée dans l’interprétation de chansons en LSF : dans les années 1970, aux USA, le Chansigne importe dans la gestuelle les affects de la chanson initiale. En dehors de la langue des signes, le poète sourd Bernard Bragg, inspiré par le mime Marceau, a inventé un art de scène sans équivalent, ni mime, ni chansigne, ni danse, le VV, Visual vernacular, Le VV est aujourd’hui, toujours, un grand lieu d’invention propre à la culture Sourde.

CV : Laurent Grisel a été ouvrier en banlieue parisienne puis dans le Dunkerquois ; permanent national d’une association de consommateurs et d’usagers (CLCV) ; dirigeant dans une société d’ingénierie en environnement (Écobilan SA). Il participe aux travaux du « Labo poétique » associant poètes sourds, poètes de langue orale, traducteurs de LSF et linguistes (voir : https://www.inshs.cnrs.fr/fr/cnrsinfo/le-laboratoire-poetique-poesie-en-lsf-creation-et-traduction).  Il est membre du comité de rédaction de la revue en ligne remue.net. Site personnel : imagine3tigres.net

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Mercredi 2 décembre

  • « Les personnages littéraires inspirent ils encore nos vies ?  »      (avec le chercheur Lorenzo SOCCAVO), de 14 à 17 heures                                                                                 

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 2020

Année COVID, les séminaires continuent dans leur ensemble…

le 1 avril 2020

Séance : L’engagement poétique

Avec les interventions de : Nicole Barrière,  Georges Chapouthier, Bruno Doucey, Laurent Grisel

Introduction : Sylvie Dallet : Quelques phrases de Paul Celan, choisi parmi d’autres témoins fulgurants. « Le poème est seul. Il est seul et en chemin. Celui qui l’écrit lui est simplement donné pour la route. » Et encore,  » Des poèmes, ce sont aussi des présents –des présents destinés aux attentifs. Des présents porteurs de destin. » Mais aussi « Écrire pour rester humain, Pour décrire les expériences extrêmes de l’activité humaine… ». Ce bout-à-bout suggère que la poésie contemporaine éclaire comme un fanal nos chemins collectifs et dévoile les ombres des sociétés qu’elle traverse.  Mais,  quelles ombres ?

Nicole BARRIÈRE :  Embarquement en poésie

Résumé : En relatant mon parcours personnel, je parlerai de mon expérience qui m’a amenée de l’écriture à l’animation de rencontres poétiques puis à l’édition, à la traduction , autant d’angles qui me font partie de mon engagement/ ou embarquement ainsi que le disait Albert Camus, car dans le  monde actuel il n’y a pas d’autre choix.

La question du langage poétique est au centre ce cet engagement, le langage poétique permet de changer de plan, de faire voir d’autres perspectives, sensibles, vivantes, irrationnelles parfois. Par l’écriture,  Il s’agit de rêver, rencontrer et résister, et  par l’édition et la traduction, de connaître, aimer et protéger. Le propos sera illustré d’exemples de ces engagements auprès des luttes des femmes et de la diffusion d’auteurs étrangers. 

CV  :  Nicole Barrière est Poète, essayiste, traductrice et dirige la collection « Accent tonique » aux éditions de l’Harmattan. Elle s’est engagée notamment pour la liberté des femmes en Afghanistan, et au Kurdistan d’Irak.  Elle défend la francophonie, les langues et les cultures menacées. Elle travaille aussi à des créations en collaboration avec des vidéastes et des plasticiens, et organise  (ou participe à) de multiples lectures dans les associations ainsi que dans des manifestations internationales  (Italie, Mexique, Sénégal, Algérie, Maroc, Argentine, Kosovo, Albanie, Bulgarie, Islande)

 Georges CHAPOUTHIER  (dit Georges Friedenkraft) : S’engager pour la poésie

Résumé : A la fois scientifque et poète, Georges Chapouthier montrera comment et pourquoi un scientifique peut justement s’engager pour la poésie. Il a animé, avec quelques amis, pendant près de 30 ans, la revue Jointure, ouverte à tous les courants poétiques. Marié à une femme originaire d’Extrême-Orient, il a particulièrement visé à promouvoir les rapports entre Asie et Francophonie, notamment par la publication de nombreux poètes asiatiques dans les colonnes de Jointure. Il a lui-même souvent utilisé des formes asiatiques (haïku, pantoun malais…) dans ses poèmes. Il est l’un des membres du conseil d’administration du « Congrès Mondial des Poètes ». Son activité de biologiste et de philosophe de la biologie l’a aussi amené à assembler des dossiers de poésie en faveur des animaux.

CV : De double formation biologiste et philosophe, Georges Chapouthier a fait toute sa carrière au CNRS où il est Directeur de Recherche Emérite. Il a écrit de nombreux livres sur le cerveau et sur les animaux. Sous le pseudonyme de Georges Friedenkraft, il a aussi beaucoup oeuvré pour la poésie, comme en témoigne le résumé ci-dessus.

Bruno DOUCEY  : Pour une poignée de ciel

Résumé : Les éditions Bruno Doucey viennent de publier une anthologie bilingue de la poésie  des femmes dalit, ces « intouchables » longtemps privés de parole. Ce livre est écrit pour faire entendre le cri de révolte des femmes et devient de ce fait, un ouvrage essentiel pour comprendre l’irruption des dalit, phénomène littéraire majeur de l’Inde postcoloniale.

CV : Bruno Doucey est poète et éditeur de poètes. Après avoir dirigé les éditions Seghers, il a fondé en 2010 une maison d’édition vouée à la défense des poésies du monde et aux valeurs militantes qui a pris aujourd’hui une place essentielle dans l’édition de poésie contemporaine avec plus d’une centaine d’ouvrages. Il est aussi romancier s’attachant le plus souvent à faire revivre de grandes figures de poètes assassinés comme Max Jacob (Le carnet retrouvé de monsieur Max, Éditions Bruno Doucey, 2015) ou Marianne Cohn (Si tu parles Marianne, éditions Elytis, 2014). Parmi ses derniers recueils, on peut citer Ceux qui se taisent et La vie est belle, parus aux Éditions Bruno Doucey.

 Laurent GRISEL : Climats, une genèse, une urgence

Résumé : Le dérèglement climatique est un défi humain, politique, physique – et poétique : comment rendre sensible ce qui excède notre sensibilité immédiate, intelligible ce qui est de grande complexité, accessible à l’action des phénomènes aussi gigantesques ? Composé à la suite d’une commande de Cécile Wajsbrot, lu alors qu’il était en cours d’écriture, en soutien au mouvement Alternatiba et depuis, dans plus d’une soixantaine de lieux, Climats a puisé ses ressources dans l’antique tradition de l’épopée avec ses combinaisons de registres très différents (lyrique, narratif, politique, technique, philosophique), ses brusques changements d’échelle, ses épithètes homériques… Ses héros sont des ouragans, des arbres, des scientifiques qui brisent les conventions de la décence académique, des montagnes et leurs glaciers, les Indiens Munduruku, des galaxies, des paysans et des semences libres…

CV : Laurent Grisel a été ouvrier en banlieue parisienne puis dans le Dunkerquois ; permanent national d’une association de consommateurs et d’usagers (CLCV) ; dirigeant dans une société d’ingénierie en environnement (Écobilan SA). Ouvrages en cours : Journal de la crise de 2006, 2007, 2008, d’avant et d’après ; Descartes tira l’épée, poème ; Des Beautés imparfaites, essai. Il est membre du comité de rédaction de la revue en ligne remue.net. Site personnel : [imagine3tigres.net.>https://www.imagine3tigres.net/spip.php?rubrique35]

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le 4 mars 2020

Séance : Le roman noir de l’entreprise

Prologue : Tout à la fois substitut de la famille, cellule innovante du monde du travail, l’entreprise, dans sa glorification gestionnaire, apparait à certains comme l’image idéalisée du “bon messager”. Sa valorisation médiatique suppose cependant que l’on occulte les autres sources du développement économique: le service public, les associations, les personnes et ce puissant levier que l’on nomme la culture. “Nous ne sommes pas une entreprise, nous sommes l’Université”: la récente  et fière réponse d’un groupe de chercheurs strasbourgeois nous conduit à repenser le mythe de “la bonne entreprise”, celle qui, tout faisant des profits, permettrait l’épanouissement de ses employés et mériterait, par ce biais, que l’État (ou l’opinion publique) cite sa conduite équilibrée en exemple. Il existe à rebours, un véritable “roman noir de l’entreprise” qui s’entretient par des zones d’ombre soigneusement éludées des récits panégyriques.

Trois invités vont exposer les racines de cette maltraitance qui a inspiré une abondante littérature et quelques films : Albert David, Georges Nurdin, Alessia Valli.

 Introduction : Sylvie Dallet

Albert DAVID Entreprise et management: peut-on revenir aux fondamentaux ?

 Résumé : Le roman noir de l’entreprise est aussi celui du management, vu comme activité ou comme groupe social des managers : l’entreprise et son management sont le théâtre de perversions de tous ordres, individuelles, collectives, institutionnelles. Le management serait-il intrinsèquement, et spécifiquement, pervers ? L’histoire est longue, dans la réalité comme dans les arts, d’affaires et de dénonciations qui pourraient nous faire pencher vers l’affirmative : harcèlements et domination, césarisme d’entreprise, lobbying sans scrupules, etc. Mais nous avons oublié les fondamentaux. Il faut revenir, avec Auguste et Cicéron, aux origines romaines de la gestion. Il faut se rappeler l’étymologie française de « management ». Il faut considérer le management comme une technologie, et aussi comme une humanité. Il faut analyser les idéaux dont étaient porteurs les grands contributeurs – et contributrices – à l’invention du management contemporain. On évoquera les contributions d’un Jean-Baptiste Godin, d’un Frederick Taylor, d’une Mary Parker Follett, d’un Peter Drucker, et on se demandera si leur démarches et créations relèvent d’une naïveté ou constituent des vecteurs de progrès.

Albert DAVID, diplômé de l’ESSEC, docteur en sciences de gestion, est professeur de management à l’Université Paris-Dauphine PSL, où il dirige le master « Management de l’Innovation ». Il est fondateur et directeur scientifique du Cercle de l’Innovation, une plateforme collaborative université-entreprise qui travaille sur l’innovation en management.  

Georges NURDIN : L’entreprise et son soleil noir

Résumé : L’entreprise représente 70 % du PIB, c’est dire qu’elle conduit, guide et conditionne  la plupart des attitudes et réflexes comportementaux (intérieurs & extérieurs). Elle est, par ailleurs le point focal, un peu à la manière d un four solaire qui concentre les rayons du soleil (noir en l’occurrence) jusqu’ au point de fusion : les  ingrédients, les inducteurs romanesques y sont chauffés à blanc : l’ argent, la puissance, la domination, la brutalité (le langage militaire de conquête, les  costs killers…voire les killers tout court), le sexe, la férocité, l’élimination, la dissimulation ( le secret industriel) , la convoitise ( la part de marché, le job de son supérieur), la trahison, la félonie (cyber) , la lâcheté, le mensonge (la communication). Et les histoires sont (très) souvent des « romans noirs »… d’où la rédemption est absente…et le lanceur d’alerte toujours puni…quant au preux chevalier… Enfin la concentration de psychopathes  parmi ses leaders y est de l ordre de 10 % à 20 % contre 1 % dans la population « ordinaire .

Et, cerise sur le gâteau, l’entreprise est devenue un  modèle universel épidémique : gouvernement, éducation, hôpital, association, religion, vie privée…

Georges NURDIN, diplômé de l’ESCP, du MIT et Docteur en économie, a exercé une trentaine d’années sur les 5 continents à des postes de Direction Générale et d’Administrateur au sein de grandes entreprises, avant de l’enseigner dans des Écoles de Commerce  puis en tant que directeur d’une Grande École. Il est également l’auteur d’une dizaine de livres de Management et de Gouvernance, romancier (Wanamatcha ! la prophétie des pétroglyphes), essayiste et chroniquer chez Capital.

Alessia VALLI : L’entreprise, ferment des passions noires

Résumé : L’entreprise est un univers très inspirant pour un roman, car ses membres et les personnes qui gravitent autour de l’entreprise sont animés par l’ambition, la convoitise, la jalousie, la rancœur et sont prêts à tout pour parvenir à leurs fins… C’est un monde fait de rivalités, de course à la reconnaissance et à la recapitalisation en particulier pour les jeunes entreprises innovantes, ces start-ups qui ont toujours besoin de lever plus de capitaux pour leur développement car elles ne génèrent aucun chiffre d’affaire et leur cash burn est très élevé. Dans mon roman, Folles vies, l’héroïne est initiée à ce monde de la finance et des levées de fonds quand elle intègre la très sélect Biotech Society, un club privé d’investisseurs fortunés et fait la connaissance du charismatique Adriano, ambivalent fondateur de Genesis : une société de biotechnologie cotée en bourse, pionnière dans l’édition du génome.

Alessia VALLI a fait ses études universitaires au Royaume-Uni  (Maîtrise en Finance à l’Université de Cambridge et un Master en Droit à la London School of Economics). Elle connaît bien le monde de l’entreprise et, en particulier, celui des biotechs. Son roman La nostalgie du crépuscule publié chez Michalon a été récompensé par le Prix Contrepoint 2016 (prix fondé en 1971 par Patrick Modiano). Folles vies est son second roman (2019).

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 Le 5 février 2020

Séance : Justice visible, justice invisible ?

Avec les interventions et les témoignages de Joseph Krulic, Monika Siejka, Caroline Moine (sous réserve),  Véronique Fau- Vincenti.

Introduction : Depuis la Fronde, le pouvoir du juge est régulièrement rogné par le pouvoir central. De ce fait, les Français ont une perception floue du rôle de leur justice. Les drames cinématographiques axés sur les avocats, puis les séries télévisées axées sur la police, ont largement relayé cette méconnaissance, privant le citoyen d’une réflexion sur les recours, y compris contre les abus du pouvoir central. L’imaginaire de la demande d’asile devient aujourd’hui, le révélateur paradoxal de l’invisibilisation des pouvoirs du juge et du malaise de la justice, mal aimée et mal connue de la société française.

Avec les interventions de:

Joseph KRULIC (président de section à la Cour nationale du droit d’asile, agrégé en Histoire et HDR en sciences politiques)

Titre de la conférence  : Pouvoirs et fragilités du juge ?

Résumé : Depuis la révolte des parlements, les juges sont soumis en France à une méfiance cultivée par le politique et relayée par la société civile. Dans un tel contexte, Joseph Krulic, historien et juriste, expliquera les différents types de justice, leurs pouvoirs réels et les limites de ceux-ci…

Caroline MOINE (Historienne, MCF à l’Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines, elle a été membre du Conseil d’Administration de l’association française SOS Méditerranée de sa création jusqu’en 2018. Elle a copublié en 2019, avec Nathalie Levisalles, un recueil de textes inédits d’auteurs issus des pays du pourtour méditer-ranéen, Méditerranée, amère frontière (Actes Sud), dont les bénéfices seront reversés à SOS MEDITERRANÉE France)

Titre : La société civile et la justice face au droit maritime international : quand sauver des vies peut devenir un délit

L’association européenne SOS MÉDITERRANEE, issue de la société civile, se consacre depuis sa création en 2015 au sauvetage des migrants naufragés en Méditerranée. Pour se faire, elle déploie aussi bien des moyens techniques et logistiques importants, rendus possibles grâce à des dons, mais aussi un ambitieux travail de plaidoyer s’appuyant sur une charte éthique et des actions de sensibilisation destinées à rappeler le droit maritime international auprès des dirigeants européens. Malgré le harcèlement politique et judiciaire de certains pays comme l’Italie ces dernières années, SOS MÉDITERRANÉE a réussi à poursuivre ses missions, en mer et sur terre.

Monika SIEJKA (docteure en Histoire des médias, chercheuse interdisciplinaire sur les téléfilms et  les réseaux sociaux, Institut Charles Cros)

Titre : Imaginaire des juges dans les séries télévisées

Résumé : Sous l’influence du « soft power américain » et de la large audience des séries télévisées américaines, le public français connaît probablement mieux les arcanes de la justice américaine que celles de l’Hexagone. Pourtant certaines séries populaires comme Engrenages commencent à poser un regard sans concession sur les difficultés du système judiciaire français. Elles font écho au discours de plus en plus alarmiste de leurs consœurs étasuniennes qui s’inquiètent des défaillances très graves du fonctionnement démocratique. À la pointe de ce combat, The Good Fight qui porte son titre avec une ironie douloureuse ou Orange is the new Black qui finit sur l’invisibilité juridique des émigrés, proposent avec succès une lecture lucide des dangers encourus par notre société.

Véronique FAU -VINCENTI (Chercheuse associée au CESDIP, historienne au Musée de l’Histoire vivante)

Titre : Le juge, le fou et l’expertise pénale

Résumé : L’article 64 du code penal de 1810 (modifié en 1994 contre l’article 122-1) s’est heurté, durant le premier XIXeme siècle à une résistance des magistrats et à une incompréhension de l’opinion publique peu préparée à admettre que certains criminels puissent être des fous. Aussi a-t-il fallu que l’expertise mentale, à même de distinguer « qui est fou » de « qui ne l’est pas », puisse s’adosser à des contreforts nosographiques bâtis par des aliénistes soucieux d’affirmer, d’affiner puis de préserver leur art au sein d’espaces clos réservés au traitement des aliénés.

 Été 2020

 La pandémie nous a contraint à annuler les séances du séminaires d’avril, de mai et de juin 2020.

Cependant, les quatre conférences liées au thème de la Forêt nourricière se sont bien déroulées   à 16 heures chaque, en le jardin de la Ferme Saint Éloi, village de Chavaniac Lafayette, dans le cadre du Festival des Arts Foreztiers  (programme consultable sur le site http://www.lesartsforeztiers.eu).

  • le 17 juillet conférence de Martin de la Soudière « Manger la montagne ». Martin de la Soudière souffrant n’ayant pu nous rejoindre, ses textes ont été lus par le comédien Gérard Lefort, qui s’était déplacé pour soutenir les Arts Foreztiers.
  • Le 18 juillet, Conférence de Sylvie Dallet sur le thème inédit de l’imaginaire « Femmes et  forêts
  • le18 juillet, conférence plurielle de l’association « Et pourquoi pas ,«  sur le thème de la forêt jardinée. Modératrice et discutante Nathalie Boudoul (vice présidente du Parc naturel régional du Livradois Forez)
  • le 20 juillet, conférence de Gautier Blanc, technicien rattaché à la Communauté de Communes des Rives du Haut Allier, qui s’était fait accompagner par un collègue de l’Office national des Forêts de Haute Loire.