Qui sommes-nous ?

Pourquoi l’Institut Charles Cros ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 Le monde change. L’imprévisibilité devient la règle. Le savoir se complexifie, générant des métiers nouveaux. Les domaines des arts, des techniques, des sciences, de la pensée, évoluent dans toutes les directions d’une civilisation de l’immatériel. Les frontières s’estompent au gré des images qui circulent de plus en plus vite. Les certitudes se fissurent devant la multiplication des simulacres. De nouveaux continents multimédia apparaissent.

Les modalités de l’enseignement, de la transmission, de la création, de la recherche, de l’expérimentation en sont bouleversées.

Nous devons préparer et accompagner les esprits des étudiants, des artistes, des chercheurs à comprendre, maîtriser, assumer les enjeux de ces mutations sociétales. Cela implique du pragmatisme, de l’audace, de la détermination, une volonté transdisciplinaire, une ouverture internationale.

Ces fondamentaux constituent le socle du projet de l’Institut Charles Cros, dédié aux mutations de l’Image et du Son.

Nous en avons les moyens :

  • notre expérience pédagogique est reconnue, ancienne, multiforme,
  • nos réseaux de compétence sont solides, diversifiés, complémentaires,
  • nos motivations sont claires, ancrées, fécondes.

Et grande est notre volonté de voir s’ouvrir, ici, en France, aujourd’hui, des plates-formes d’enseignement, de recherche et de création à la hauteur des enjeux de la période qui s’ouvre. L’Institut Charles Cros s’inscrit dans cette ambition.

L’Institut Charles Cros, une prospective scientifique et nationale

Le monde change. L’imprévisible nous attend. Les transformations de nos sociétés concernent directement la gestion des images et des sons via l’informatique, ce que les observateurs désignent sous le terme de « productions immatérielles ». Dans cette chaîne de représentations, le cinéma, internet et le téléphone constituent les maillons historiques essentiels, désormais en convergence sur l’offre des contenus.

Comment combiner les révolutions technologiques avec les besoins fondamentaux de société et, ensemble, comment former des étudiants à leur futures responsabilités de créateurs et de producteurs d’images et de sons ?

Dans ces domaines de pointe, l’offre de formation nationale ne peut prévoir les futurs développements technologiques et biologiques mais doit les préparer. Les Muses des Grecs étaient imaginées comme des mythes opératoires, qui ouvraient des chemins entre la découverte scientifique et la quête artistique. Le XIXè siècle, issu du double apport des Lumières et de la Révolution française, a donné à la Science un rôle de guide dans la vérité comme dans l’organisation du bien-être des peuples. Depuis 1895, à partir du cinématographe, né jumeau de la psychanalyse, l’Art s’est lentement réapproprié les domaines de l’expression de la vérité, perçus comme des besoins naturels de l’Homme en collectivité. L’Art a de plus en plus son mot à dire dans la construction et la représentation du monde, parce qu’il travaille conjointement le terrain des rêves au relais des décisions du politique et de l’entrepreneur.

Si pour les Chinois de naguère, la Musique exprimait profondément l’état de l’État, le temps du présent et du futur est imprégné d’effets spéciaux, d’électroacoustique et d’informatique, passés au tamis du politique, de l’information et de la circulation des idées.

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En ce début du XXIè siècle, la création artistique et médiatique accompagne la mue de nos sociétés, tant du point de vue économique que du point de vue éducatif. L’école républicaine forme à des savoirs communs que les simulacres analogiques puis numériques combattent, ruinent ou confortent : dans l’espoir de discipliner ces inventions, les nouvelles technologies ont été fermement orientées jusque dans les années 1970, vers les outils de calcul et de mesure.

Or, ces outils, enseignés dans des écoles d’art et plus rarement à l’université, apportent au public un supplément de perception sensible, un supplément de risque et participent de la mue du monde, désormais globalisé, fragilisé et médiatisé. L’enseignement des technologies audiovisuelles ne peut donc plus uniquement se conduire sur les principes distincts de l’Histoire de l’Art d’un côté et de l’Information et des Médias de l’autre. Elle doit tenter d’anticiper les métiers de l’avenir au regard des besoins humains : la convergence technologique, contre toute attente voici dix ans, a fait ressurgir une véritable préoccupation écologique et spirituelle, une réflexion sur les valeurs du patrimoine social et les procédures thérapeutiques ou destructrices des simulacres.

Si imiter le réel s’avère facile grâce à l’enregistrement, la gouvernance et la démocratie restent des partenaires de la mutation des objets et des outils de captation du réel. De fait, les nations qui misent sur les arts de l’enregistrement depuis l’émergence du cinéma et de la radio, tels que les États-Unis, contrôlent la majorité des richesses de la planète. Le Japon et la Chine prennent désormais leurs marques sur cette perspective, qui conjugue obstinément transdisciplinarité, création et recherche. L’Europe doit prendre sa part dans ce processus.

La triple vocation de l’Institut Charles Cros initié en 2001, à ce jour unique en France, repose sur une relation forte entre l’expérimentation, la recherche et la formation. Cette structuration est conçue dans le respect de l’axe européen des études universitaires (Licence, Master, Doctorat). Cette mise en oeuvre d’un enseignement recherche adapté aux mutations de société reste attentif aux métiers, aux professionnels et aux auteurs.

L’Institut Charles Cros a posé, de la France, plusieurs postulats et principes d’expérimentation :

  • la persistance de valeurs sociales, garantes de la démocratie, dans un monde où l’information fondamentale se nourrit de simulacres
  • le rôle des simulacres (Images et sons) et des représentations dans le jeu croisé des informations et des connaissances
  • le refus des cloisons entre création et patrimoine, la culture vivante est combinatoire et cognitive – le lien indispensable entre la pratique et la critique, dans une attention accrue aux mues technologiques (immersion, simulation, objets)

le dialogue permanent des disciplines universitaires et de recherche (sciences dures et sciences humaines), dans une approche concrète du service public et des besoins complexes du citoyen.

En d’autres termes, l’éducation de demain doit absolument réfléchir sur les mécanismes de l’hybridation artistique et technique, dans une perspective d’information et de citoyenneté extensive. En effet, la convergence des supports multiplie, pour le public comme pour les producteurs, le risque d’une information travestie ou de propagande. L’Éducation doit donc préparer les décideurs de demain à penser une expression audiovisuelle complexe, où le réel accepte l’illusion des sens et la variation des récits, des images et des sons.

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« L’Art, c’est l’Homme à l’Homme décrit, dans le langage des choses » avait affirmé Pierre Schaeffer. Et nous voulons, pour demain, selon le mot de Joseph Delteil, éviter de nous « poser toujours les mêmes réponses ».