« Aux rides de l’eau », une expérience francophone de Haïkus

Le haïku est une forme japonaise de poésie permettant de noter les émotions, le moment qui passe, qui émerveille ou qui étonne. C’est une forme très concise, dix-sept syllabes en trois vers (5-7-5). Une intéressante initiative poétique nous arrive de Folkestone, relayée par un des membres de l’Institut Charles Cros, Georges Friedenkraft.

« Aux rides de l’eau » (Page 27)

Un Festival de Haïku anglo-français eut lieu en 2013 à Folkestone sur la côte sud de l’Angleterre. Quatre des participant(e)s francophones (Danièle Duteil, Josette Pellet, Georges Friedenkraft et Paul de Maricourt), tous déjà rompu(e)s à l’écriture de haïkus, décidèrent d’entamer un exercice d’écriture qui, tout en conservant ses racines dans la mouvance littéraire du haïku, pourrait sortir des sentiers battus. Il fut décidé d’écrire, à quatre, un poème en chaîne proche de la renga traditionnelle japonaise (aujourd’hui appelée, dans sa version moderne, le renku), mais où tous les éléments seraient des haïkus et non, comme dans la forme traditionnelle, une alternance de haïkus et de distiques.

Le thème choisi fut : « une vie ». Une vie qui puisse se déployer librement en images, de la naissance à la mort, et qui puisse recouvrir toutes les surprises colorées du quotidien. Pour la forme, il fut convenu que chacun des quatre auteur(e)s tiendrait compte, pour la formulation de son propre haïku, non seulement du haïku précédent,

mais des trois haïkus précédemment énoncés par ses partenaires.

Il s’ensuit que cette renga atypique fait, en quelque sorte, alterner des haïkus et des ensembles successifs de neuf versets, ce qui la rapproche un peu du haïbun, où les haïkus alternent avec des paragraphes en prose.

Le travail se poursuivit par échanges de courriels entre les participants sur une période d’environ neuf mois, le temps de la gestation. La variété même des écritures des quatre auteur(e)s, qui oscillent entre des formes métrées traditionnelles de cinq, sept et cinq pieds, des formes complètement libérées de toute contrainte métrique et des formes intermédiaires, conduit à souligner l’originalité de ton de l’exercice, donnant, à ce parcours d’une vie, des accents et des parfums inattendus. On passe ainsi aisément du vécu existentiel pur du haïku à l’appréciation plus sociale du senryu. On glisse ainsi doucement entre la joie et la peine, entre la tendresse et l’humour. Pour les quatre auteur(e)s, cette joute fut l’occasion d’une amicale convivialité et d’un émerveillement sans cesse renouvelé à l’arrivée des images inattendues des haïkus proposés par les trois autres participants.

Mais on ne résume ce qui est, par essence, jaillissement de l’originalité.

Que ce parcours d’une vie soit aussi pour nos lecteurs source de rêverie, de découverte et d’inspiration.

http://www.100pour100haiku.fr/revue_ploc/ploc_la_revue_du_haiku_67.html

Ce texte vient de paraître online, dans le numéro 67 de Ploc !, revue créée par Dominique Chipot et dirigée par Sam Cannarozzi. Le numéro 67 était sous la direction éditoriale d’Olivier Walter.

 

 

Commentaires