M. Baruch : Expériences ou la posologie d’une quête de guérison

Les expériences de Marion Baruch
ou
la posologie d’une quête de guérison

Hypothèses

Le médicament traverse nos cellules pour soigner notre corps souffrant, comme une flèche dirigée par le pharmacien et pointée par le médecin.
La prescription du médecin rencontre fugitivement dans cet acte, le contrôle du pharmacien qui exerce sa science, en relais de l’art du premier.
Dans la maladie, l’art et la science se répondent, pour dialoguer avec le corps et l’esprit.

Dispositifs

Lors de la rencontre de rentrée de la Plate forme nationale et nomade « Créativités & Territoires » , le 25 septembre dernier, l’artiste I Wei Li nous a expliqué au Bar le Floréal la démarche nomade qu’elle a dénommé Kunst Apotheke Salon, c’est à dire, l’ »art du salon pharmaceutique ». Cet art de salon qui se construit sur la prescription, la mesure et le soin, peut s’appliquer, pour I Wei Li à des rencontres artistiques où le soin du monde serait expérimenté par des créateurs de la beauté et du chaos.
Aujourd’hui 14 novembre 2009, lors de la nouvelle réunion « Créativités & territoires », Marion Baruch me demande de traduire une expérience initiatique qui promène son public – acteur entre la masse et la nasse, entre le filet de la ménagère et celui du pêcheur, comme si chacun d’entre nous, mystérieusement entretenait avec le soin une relation de dépouillement ou d’enrobage. Marion Baruch en effet, a conçu un dispositif de rencontre à partir des emballages cartonnés de nos médicaments. Elle se propose , grâce à votre aide, de les collecter puis de les entreposer dans un grand filet, afin de pouvoir s’y immerger ensemble le 15 décembre prochain, à la Maison des Sciences de l’Homme du boulevard Raspail.

 

Notices

Au delà de la préparation pharmaceutique, tributaire d’une alchimie lente, Marion Baruch interroge les enveloppes légères qui garantissent la qualité de ce soin. Naguère emballés anonymement dans un simple papier de couleur, comme les pains de sucre du Moyen Age, nos médicaments se définissent désormais comme de véritables notices dont la lecture affermit nos peurs, nous détourne de la tentation d’une posologie aventureuse et nous délivre du mal.
Les emballages de nos médicaments alimentent les conversations des hommes et des femmes autant que le commerce des matières premières et des poisons. Mêler les emballages dans un déballage puis dans un lac enserré ou offert par le filet des mots et des maux de Marion.

 

Territoires de recherche

Ce choix de collecter les emballages, puis de les entasser dans une nasse, correspond profondément à un questionnement identitaire qui témoigne d’une perspective singulière car elle n’émerge d’aucun questionnement épistémologique officiel. L’exercice autobiographique inventif mené par Marion Baruch dévoile des métamorphoses collectives insoupçonnées : dans le territoire imaginaire que chacun exprime au quotidien, la traversée des apparences s’effectue aussi au travers de ces feuilles de prescriptions, qui sont les papiers dérobés de nos perceptions.

 

Que sommes nous devenus à la lecture des emballages ?

Les boites de nos médicaments ne nous définissent elles pas mieux que toute étude sociologique ?

Et dans le filet du pêcheur engorgé de cartonnages multiples, pouvons nous encore entreprendre un voyage vers l’autre sans être étouffé par les multiples papiers encrés qui déroulent le menu de nos souffrances ?

 

L’Institut Charles Cros s’associe à cette démarche qui, de séances différenciées en séances transformées de la Plate Forme, explore les arcanes d’une inventivité guérisseuse, par l’art et la rencontre.

Sylvie Dallet,
13 novembre 2009

 

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